L’art de jouer aux charades
Alors que je commençais, soit avec un peu de retard, à lire son second ouvrage, Guillaume Morrissette sortait en librairie son troisième livre « Terreur Domestique ». Qu’à cela ne tienne, je me suis plongé dans « L’affaire Mélodie Cormier » afin de découvrir une nouvelle plume, un nouveau style. En cela je ne fus pas déçu!
Tout d’abord, l’auteur, qui est trifluvien, situe son action dans Trois-Rivières et ses proches alentours. Dans un décor dépaysant qui sent bon l’eau légèrement salée du Saint-Laurent, Mélodie Cormier, 10 ans, disparaît. Entre le moment où elle est montée dans le bus scolaire et celui où elle aurait dû entrer dans la cour d’école, toute trace d’elle semble s’être volatilisée. Quant à Marco Genest, qui se dirige d’un pas précipité dans un restaurant de la ville, il tient fébrilement à la main un tube rouge renfermant une lettre. Un inconnu affirme être en possession de renseignements sur la mort accidentelle de ses parents. En compagnie de Josée, une amie, Marco va alors se lancer dans une quête pour comprendre ce qui est arrivé à ses parents. Tandis qu’un policier, l’enquêteur Héroux, va se concentrer sur la recherche de la jeune disparue qui, jusqu’à preuve du contraire et malgré le temps qui s’écoule, est toujours en vie. Mais pour combien de temps?
Avec une écriture légère, l’auteur parvient à conduire habilement l’intrigue tout au long du livre. Les lettres de l’inconnu, oui il va y en avoir d’autres, sont très bien montées et leur machiavélisme les rendent intrigantes. Afin de rendre encore plus compliquée l’histoire, l’écrivain a recours à des charades. Je dois avouer que je n’avais pas croisé cet exercice de style depuis longtemps. Ce fut une belle surprise. Les deux histoires finissent par s’entremêler presque naturellement. Parfois, j’ai pu éprouver un léger sentiment de prévisibilité, mais rien d’anormal. En fait, le choix de l’auteur dans la façon dont il intègre les deux récits pour leur donner une résonnance fait parfois naître cette impression de prévisibilité. Je suis persuadé qu’il s’agit d’un effet recherché.
Marco se révèle être un personnage complexe et bien monté. En ce sens où ses actions, ses instincts et sa façon de voir les choses correspondent bien à une personne de cet âge. Quant à l’enquêteur Héroux, il est à la fois l’archétype du policier obnubilé par son enquête, mais sans tomber dans la caricature. Après avoir assisté à sa naissance, je pense que cet enquêteur est promis à une belle carrière pleine de rebondissements au cours des prochains ouvrages de Guillaume. Après la lecture de ce tome, il ne me reste plus qu’à rattraper mon retard avec le tout récent opus.
Dominique de Leeuw
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