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Ta promesse

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Claire et Gilles forment un couple de quinquagénaires. Ils sont en fusion totale, tout le temps ensemble. Chacun d’eux a fait une promesse à l’autre, au début de leur relation. À mesure que le couple évolue, les choses se compliquent.    La psychologie des personnages est on ne peut plus parfaite et bien rendue. La structure du texte et la construction du récit sont efficaces. La force de Ta promesse est de présenter dans toute la subtilité, le mode de fonctionnement d’un narcissique. Comment il te cueille. Comment il te valide un temps, mais en fait, il te manipule. Comment, tranquillement, il instille le doute et la dévalorisation de soi. La négation de soi, même ! Il est aisé de comprendre comment une personne peut se trouver dans une relation toxique sans s’en être rendu compte.    Ça se lit comme un thriller. Au moment où le roman débute, Claire raconte l’histoire de sa relation avec Gilles à son avocate.    Aye, je ne veux pas trop t’en dire, j...

Vengeresses : un concentré de colère

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  Un petit billet pour un petit roman (126 pages). Les jumelles Mireille et Marie, que tout le monde appelle Mima, de peur de se tromper, ont un trouble envahissant du développement. Après la mort du père, leur mère est devenue alcoolique et ne peut ni ne veut s’en occuper. Placées dans des familles d’accueil, puis à nouveau chez leur mère, à maintes reprises, elles vivent le pire : maltraitance, viols, et j’en passe. Maintenant adultes, elles embarquent dans le train pour aller dans le sud de la France, exécuter un plan, se faire justice.    On m'avait dit que c'était un roman trash, cependant que je n'ai pas trouvé que c'est particulièrement le cas. C'est sombre, certes, mais on est à mon avis pas dans la « trashitude.» Vengeresses  est un récit haletant et brutal, dont le centre est la rage et la fureur causées par l’inaptitude des gens ET de la société à accepter les différences. Par le dénigrement de tout ce qui ne cadre pas dans l’étroite « norme...

Sa préférée, de Sarah Jollien-Fardel

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Si tu aimes des romans intenses qui te bouleversent, j’ai une suggestion pour toi : Sa préférée , de Sarah Jollien-Fardel. Il est tout petit, à peine 200 pages, mais il te laissera peu de répit, et ce de la première à la toute dernière page.   Un bouquin qui frappe. Un concentré d’émotions. Une écriture sans compromis.    Dès les premières lignes, on est plongé dans l’ambiance de cette maisonnée située dans un village du canton valaisien en Suisse. Jeanne y vit avec sa sœur aînée et ses parents. Le père de famille est un homme d’une grande violence qui fait régner la terreur autour de lui.    « Parfois, ma mère tombait devant moi, lovée en boule sur le sol. Ses yeux criaient la peur, ses yeux criaient “Pars”, je détalais sous mon lit. Regarder, observer. Jauger. Rester ou courir. Mais jamais, jamais boucher mes oreilles. Ma sœur, elle, plaquait ses mains sur les siennes. Moi, je voulais entendre. Déceler un bruit qui indiquerait que, cette fois, ...

Quand une myriade de violences s'accumulent

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  Sylvie Meyer a 53 ans et deux fils. L’histoire débute comme tant d’autres. Une relation s’est étiolée. Les individus s’étaient distanciés. Ils ne se voyaient plus. Ils ne se touchaient plus. Il n’y avait de place que pour les responsabilités et les routines qu’elles commandaient. Puis l’un est parti, alors que c’était un peu le tout de l’autre. À son grand étonnement, elle n’a pas senti d’état de choc. Inconsciemment, elle savait que c’était fini. Aucune réaction. Pas de pleurs… rien. Elle a continué et continue toujours comme avant, juste sans lui. Elle continue de se rendre au travail et de s’occuper de ses fils. Comme si rien n’était advenu, sauf qu’une toute petite brèche avait été créée. Son patron, éternellement exigeant, lui lègue la lourde responsabilité d’observer ses collègues, de les surveiller afin de dresser des listes. Les « utiles » d’un côté, les « nuisibles » de l’autre. Parce que ça ne roule pas bien à l’entreprise. Elledoit donc les...

Toutes les fois où je ne suis pas morte

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Catherine prend l’avion quelques jours après les attentats du 13 novembre de Paris. Elle va rejoindre Matt avec qui elle a une correspondance sulfureuse depuis quelque temps. Sous le coup du désir, celui-ci lui a dit « Viens me rejoindre. Prends l’avion. Réglons ça tout de suite». Elle atterrit donc à l’aéroport Bruxelles – Zaventem pour y passer six jours. Six jours où elle ne projette pas de sortir du lit. Comment se passera la rencontre entre Matt et Catherine, amis depuis des années, amants virtuels depuis peu? Le journaliste de guerre a mis tant d’effort à compartimenter sa vie, à ériger des frontières en lui et entre lui et les autres. En parallèle aux destins de Catherine et Matt, il y a celui de Malik, qui a quitté la France et se retrouve à la même gare que Catherine. Ils s’y croiseront, d’ailleurs, sans se parler. Puis leurs vies se séparent à nouveau. Malik devant se cacher afin de franchir les frontières de l’Europe pour trouver son père et mourir en héros. Tel est son souh...

Abattre la bête : le summum pour la fin

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C’est avec un plaisir doux amer de retrouver la Bête, car on sait que c’est la dernière fois. Incarcérée à l’Institut Philippe Pinel, la Bête fomente des « plans de nèg », comme je suis sûre qu’il les décrirait lui-même, pour retrouver sa mère. Eh oui, cette obsession n’est pas près de lui passer! La Bête, toujours en quête d’amour et de reconnaissance, tombe amoureuse ou « en amitié » à rien. Elle démontre une naïveté désarmante, preuve de son développement affectif cristallisé dans la prime enfance. C’est pour cela que l’on s’y est attaché et qu’elle nous manquera. C’est aussi pour cela qu’elle se mettra dans des situations toujours plus abracadabrantes. Que dire de plus sinon que la Bête est encore plus déchaînée que jamais? Elle et l’auteur, David Goudreault, sont au summum de leur forme dans ce dernier opus. Non, mais quel esprit inventif, vif, fabuleux! La plume alerte et vitriolique de Goudreault rythme le récit de telle manière qu’il semble qu’on entend l’hom...

Histoire de la violence : au-delà des gestes mêmes, la violence persiste

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Édouard Louis nous revient avec un nouveau roman autofictionnel qui raconte la tentative de meurtre et le viol qu’il a subit un soir de Noël. Deux voix nous relatent l’événement et ses suites, la sienne, bien sûr, et celle de sa sœur qui rapporte – et commente – les faits dans un long monologue à son mari qui l’écoute sans broncher. Alors qu’il rentre d’un souper avec des amis, un passant l’accoste sur la rue et insiste pour qu’ils aillent prendre un verre. Édouard résiste, mais Reda ne lâche pas prise tout au long du trajet. Il le harcèle carrément, mais parce qu’il est séduisant et qu’il ne cesse de le suivre, il finit par l’inviter chez lui. Au départ, ça se passe bien. Puis, quand Édouard découvre que Reda lui vole certains de ses effets, son amant devient violent. La violence a de multiples facettes et elle est plus sournoise que les gestes subis. Elle persiste longtemps après l’événement même. Au lendemain de ce soir de Noël, Édouard voit ses amis et leur raconte ce qui lui est a...