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Se perdre une boussole dans le cœur : un récit féministe fort émouvant!

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On le sait ou on s’en rendra un jour compte, on ne connaît jamais totalement nos proches. Nos parents particulièrement, en raison du lien d’autorité, de la nécessité de donner un exemple, et autres considérations. Cette lecture nous enjoint à apprendre à les connaître davantage. De leur poser des questions, d’établir un dialogue pendant qu’il est encore temps. D’aller au-delà de la gêne que l’on peut éprouver. Car peu d’entre nous savent vraiment de quoi avait l’air la vie de nos parents avant notre arrivée.    Afin d’apprivoiser la mort de sa mère, Julie Bosman tente d’apprivoiser la vie de celle-ci. La femme, si discrète et réservée, a caché une énigme dont personne n’a la même version ni les mêmes indices. À travers des souvenirs des amies de sa mère, de ses sœurs, et de textes d’auteur.ices, l’écrivaine essaie de constituer le casse-tête qu’est la vie de sa mère. Bien que de nombreux morceaux manquent, l’image qui se dessine en est une qui la stupéfie. Tout d’abord, sa mèr...

Terrasses

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Tranche de vie : je me souviens du 13 novembre 2015. J’étais à Paris pour une dernière nuit avant de reprendre l’avion. Je me réveille alors que j’ai des dizaines de messages et appels manqués. Famille et amis au Québec n’étaient pas encore couchés et tentaient de nous joindre pour savoir si on allait bien. C’est là que j’ai appris que des attentat avaient eu lieu à Paris.     Terrasses est un magistral récit polyphonique où les voix s’additionnent pour nous plonger au cœur des attentats terroristes du point de vue des victimes, des blessés, de leurs familles, des intervenants de première ligne. Ce condensé d’expériences ne nous laisse pas indemne. On a l’impression d’une tornade. D’abord l’éclatement. Ensuite le silence assourdissant dans l’œil de la tempête avec cette impression que le temps est en suspens. Puis à nouveau le maelström émotif.    Tout au long de la lecture, sous la plume experte et ultra sensible de Laurent Gaudé, on passe par le choc, la ...

Maquina

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Ouais, ben voilà un roman qui m’a plu!     La grand-mère de Luz a tout flambé au jeu et pour comprendre la dépendance qui a causé sa perte, Luz devient préposé aux machines à sous au casino. Au cours de ses rondes, elle remarque une dame qu’elle nommera Madame B. Rapidement, elle développe une obsession pour celle-ci.   Ironiquement, Luz, qui cherche à saisir ce qui a avalé sa grand-mère, fait preuve d’une incapacité à percevoir, décoder, accepter les signaux envoyés par Madame B. En dépit de son aveuglement, je n’ai pas trouvé la jeune femme totalement pathétique. J’ai, surtout vers la fin, eu envie d’avoir une discussion avec elle pour lui permettre de voir les choses d’un point de vue plus objectif.   Lula Carballo démontre, d’une part, que tout peut constituer une dépendance. Bien sûr, les conséquences négatives sont plus évidentes pour certaines d’entre elles, mais elles laissent toutes des blessures, quelles qu’elles soient. D’autre part, elle expose le cô...

Dans la lumière de notre ignorance

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Marianne Marquis-Gravel signe ici un récit sur son « coup de foudre » pour son amoureux, qui peu de temps après le début de leur relation a reçu un diagnostic de cancer du cerveau. Au départ, je ne savais pas qu’il s’agissait de la conjointe de Simon Roy. Je l’ai réalisé après plusieurs chapitres.    J’ai mis ma lecture en pause après 90 pages, que j’ai lues d’un coup, parce que c’était très troublant et qu’avec tout ce que j’avais lu auparavant, j’avais besoin d’une lecture plus légère. Quand j’ai repris le livre, je l’ai terminée d’une traite. C’était émouvant, mais ça ne m’a pas propulsé dans un état de profonde tristesse. Je le répète souvent, il y a un moment pour chaque lecture et si l’on veut prendre soin de sa santé mentale, il faut porter attention à ce qu’on lit, regarde, écoute et fait. Voilà pour la minute « auto-bienveillance ».    Cela dit, c’est un récit sur la célébration de la vie alors qu’un membre d’un couple reçoit un diag...

Pour que demain s'empare de nous, de Julie Bosman

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Je l’ai mentionné sur Instagram quand j’ai acheté le livre, les épigraphes, ces citations au début du bouquin, m’ont interpellé. C’était des extraits de chansons des Béruriers Noirs, de Radiohead et de Rage Against the Machine. J’étais très curieuse de voir ce que Julie Bosman nous réservait. J’ai été plongée dans ce qui est ni plus ni moins qu’un concentré de mon entrée dans l’âge adulte !    La destruction du mur de Berlin. La libération de Nelson Mandela et la fin de l’Apartheid. La lutte de Chantal Daigle pour le droit de se faire avorter de son ex-conjoint violent qui s’opposait à sa décision. La guerre du Golfe, les Foufs, le Passeport, la musique qu’on appelait dans le temps « alternative » ou « underground ». Tout cela était la toile de fond de notre transition vers l’âge adulte. Une toile de fond qui, dans le roman comme dans la vie, n’est pas sans influencer les individus.    Julie, Mélanie, Laurent sont des vingtenaires qui essaient de ...

Le jeu de l'oiseau

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  Comment survit-on à la violence conjugale quand on en est témoin lorsqu’on est petit ?    Claire et Normand, de jeunes jumeaux, vivent avec leurs parents dans un taudis sans perron et où les champignons poussent sur le tapis. Au bout du terrain, il y a une grosse fosse devant laquelle ils regardent la fumée de l’usine, pas loin. Pour compléter le portrait de leur enfance défavorisée, leur père bat leur mère et ne s’arrête que lorsque le voisin du haut frappe sur le plancher parce que cela fait trop de bruit.    Afin de supporter leur quotidien et éviter de stimuler l’agressivité du paternel, leur mère leur apprend le jeu de l’oiseau. Leur capacité de se réfugier dans leur imagination les sauve, bien qu’il ne les protège pas de la violence. Il en atténue néanmoins momentanément la morsure.   Le récit de leur sombre réalité est allégé par la candeur de l’enfant qui agit comme une grande inspiration que l’on prend entre les secousses des vagues. Le pouvoir d...

Jeudi jeunesse : Nous, de Patrick Isabelle, un roman phénoménal!

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Après Eu x , portant sur le phénomène de l’intimidation, Patrick Isabelle revient avec Nous . Le personnage principal du premier roman a commis l’impensable après avoir subi jour après jour les insultes, l’humiliation et les mauvais traitements. Il se retrouve en Centre jeunesse dans l’aile de sécurité maximale, en attente de son procès et de sa sentence. Dès l’incipit, on est accroché à chaque mot. Les pages se tournent rapidement, malgré l’intensité de la souffrance qu’elles contiennent. Tout comme pour Eux , c’est une lecture qu’on engouffre. On y passe quelques heures aussi intenses que bouleversantes. On veut bien sûr savoir ce qui arrivera au protagoniste, mais au-delà de ça, on ne peut s’empêcher d’être profondément remué par ce que vit intérieurement le jeune garçon de 14 ans. On est également sensible à certaines de ses conceptions quant à ce qui l’a poussé à pousser le geste qu’il a poussé, sans toutefois l’excuser, bien évidemment. Par l’entremise de ses réflexions, on const...

Charlotte ne sourit pas

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Voici un roman bien étonnant et parfois déstabilisant que nous propose Thomas O. St-Pierre. Il nous amène dans les méandres d’une amitié dont on devine, peu à peu, qu’elle n’est pas si enrichissante que l’on pourrait le souhaiter. Charlotte et Mireille habitent ensemble en colocation. Les deux jeunes femmes dans la vingtaine entretiennent une relation qui contient une bonne part de jugements, de critiques, de conflits et de tensions. Charlotte est une jeune femme timide. En fait, elle souffre peut-être d’une forme d’anxiété sociale. Elle manque d’habiletés sociales, et on la sent cynique et désabusée, mais plus que tout, elle se questionne beaucoup sur elle-même. Elle est en proie aux questionnements traditionnels de la vingtaine. Qui suis-je? Qu’arrive-t-il si la personne que je suis ne me plaît pas? À la base, elle ne s’aime pas, pas plus que l’image que les autres ont d’elle. L’image que les autres ont de nous est souvent différente de la personne que l’on sent être. Dans le roman o...

Jeudi jeunesse : L'enfant mascara

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Le 12 février 2008, Leticia Queen, vivant auparavant sous le nom de Larry King, a été abattu à bout portant par un collègue de classe, Brandon McInerney. Simon Boulerice s’est inspiré de cette histoire vraie pour rendre hommage à cet être, ainsi que, on l’imagine également, de dénoncer les meurtres homophobes et dans ce cas-ci possiblement transphobes. Dès le départ, on est au courant de la fin tragique que connaîtra Larry aux mains de Brandon. On sait quel a été l’élément déclencheur : Larry a demandé à Brandon d’être son valentin devant tout le monde. Mais comment en arrive à tuer quelqu’un pour cette raison? Que s’est-il passé pour qu’ils en arrivent là? Voilà ce que Simon Boulerice s’est donné le mandat de recréer, de s’imaginer à partir de certains faits. Il nous propose donc une histoire qui se décline sous la forme d’une lettre ou d’un monologue de Larry/Leticia à Brandon. Intercalé dans ce long soliloque, on retrouve des poèmes écrits par le protagoniste et des témoignages ...

Jeudi jeunesse : Le jardin d'Amsterdam

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Chronique présentée en partenariat avec Je Lis Blog Tours De nombreuses années séparent Adèle et Élaine. Pourtant une solide amitié se crée instantanément entre elles. C’est dans le jardin d’Amsterdam qu’elles apprennent à se connaître au travers d’histoires de premier amour qui s’enchevêtrent. Entre le passé et le présent. Entre les continents européen et américain. Le premier amour est puissant. Il marque la mémoire et le cœur et il est toujours touchant, lorsque bien raconté. Et c’est le cas dans Le jardin d’Amsterdam , de Linda Amyot. L’histoire d’amour d’Adèle est bouleversante et si brillamment amenée. Tout doucement, par petits bouts, par soupirs, par silences même. On en est si remué, on anticipe tant la suite qu’on ne peut absolument pas déposer le bouquin. Quant à Élaine, on se questionne sur ce qui se passera dans son histoire, bien ancrée dans l’actualité des jeunes. J’ai vraiment aimé toute l’importance donnée aux liens qui se tissent entre les gens. Des liens d’une instan...