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Affichage des messages du novembre, 2022

Fragile comme une bombe, de Catherine Lavarenne

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Stéphanie, une auteure, est recrutée par une connaissance qui est cheffe d’un parti politique afin de se présenter aux élections. À sa grande surprise, non seulement elle gagne son pari, mais elle est également nommée comme ministre de la Culture. Elle se démène tant bien que mal pour apprendre les mille et une responsabilités qui lui incombent, les exigences qui viennent avec le poste ainsi que les rouages de la machine gouvernementale.    Catherine Lavarenne nous plonge dans le milieu et ainsi donc on en apprend à foison sur les jeux de coulisses de la machine politique et sur les défis particuliers que doivent relever les femmes afin d’y évoluer. L’autrice y aborde les doubles standards qu’on impose aux hommes et aux femmes en postes de pouvoir.    Le personnage de Stéphanie est bien planté et l’on a accès à son monde intérieur. D’une honnêteté sans fard, le roman explore cette impression d’avoir une double vie. Celle au travail, à Québec, et celle avec son conjoint et son fils. O

Le Goncourt 2022, c'est bon?

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En juin 1999, à la veille d’emménager dans leur nouvelle maison, le conjoint de Brigitte Giraud décède dans un accident de moto. La moto du frère de Brigitte qu’il n’aurait pas dû conduire. Vingt ans plus tard, alors qu’à regret elle a vendu la maison, l’auteure souhaite en finir avec le deuil de son mari et tourner une page.  Ainsi, elle se lance dans ce qui est en fait l’exploration de l’effet papillon. Ce sont une vingtaine de « et si…   ? » dans lesquelles on trouve une douzaine de supplications à son conjoint de prendre une décision différente. D’une écriture précise, sans fioritures, elle défait les morceaux de casse-tête qui ont ensemble formé le drame de sa vie. C’est un long jeu de suppositions.  Un deuil, c’est complexe. Parfois, ça se complique et on peut être, comme l’auteure, pris pendant de très longues années dans un espèce de vortex à spéculer sur ce qui aurait pu changer la réalité et à la refuser. Vingt ans à se demander « Etsi… ? » C’est long, c’est pénible, ça peu

Réparer les pots cassés ?

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  Note : de temps en temps, je vous proposerai en fin de chronique une section «  Pour aller plus loin  » où je partage des réflexions qu’a suscité une lecture. Libre à vous de la lire ou non.  Yvan est un sexagénaire alcoolique qui vit dans un appart avec un chat qui n’a pas de nom et une coloc qui le répugne. N’arrivant pas à gérer les attentes sociales ainsi que ses responsabilités, il boit. Il a une fille avec qui il n’a plus de contact depuis 20 ans. C’est le schéma relationnel fréquent dans une situation d’alcoolisme. Il l’a déçue sans cesse à grands coups de promesses non tenues. Lorsqu’il apprend qu’il a une maladie qui met sa vie est en jeu, il considère renouer contact avec sa fille. À partir de ce moment-là, Sophie Bienvenu nous raconte deux versions de cette histoire, versions qui alternent d’un chapitre à l’autre. Comme toujours, Sophie Bienvenu nous happe dans son histoire de son écriture sobre, mais puissante qui met en scène des personnages qui ont du corps. Des perso

Maple : un polar « trashicomique » de David Goudreault

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Si tu as trippé sur la Bête et que ta mémoire est bonne, tu te souviendras que dans Abattre la bête , une travailleuse du sexe avait attaqué un policier et cela avait permis à la Bête de se sauver. C’était Maple. Six ans plus tard, alors qu’elle sort de prison, des travailleuses du sexe et des clients sont assassinés. Outrée qu’on s’en prenne à des filles du milieu, elle se met à enquêter pour trouver le tueur en série.   Les écrits de David Goudreault sont toujours à prendre plusieurs niveaux. Bien sûr, il y a le premier, divertissant, drôle, trash. Mais il y a aussi la critique sociale, notamment ici du système de justice qui fait trop souvent défaut aux victimes. David Goudreault amène le lecteur à se questionner sur le concept de justice, sur la façon dont celle-ci doit ou peut être rendue. Si le système de justice est défectueux, devrait-on pouvoir se faire justice soi-même   ? Quelles en seraient alors les conséquences   ? À travers ces histoires éclatées, passionnantes et sini

Mélasse de fantaisie, de Francis Ouellette

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  BRÈVE : Francis Ouellette dresse le portrait d’un jeune garçon, d’une galerie de personnages rugueux, ainsi que du quartier du Faubourg à’m’lasse, qui est aussi un personnage tout aussi important que les autres. On est au début des années » 80, ça sent la bière, les clopes, la vie dure, la violence, la pauvreté, l’ignorance crasse. Mais il y a aussi del’humour, des moments attendrissants et de la solidarité, notamment autour de Frigo, l’itinérant que tout le monde connaît et aide chacun son tour. Un roman poignant, dur et doux à la fois où l’humour adoucit les aspérités de la vie. Clin d’œil à tous les X : ma première réaction en début de lecture fut de la nostalgie. Je me suis surprise à penser « ah, c’est l’fun de retrouver un petit peu le langage des années » 80   ! » 

Daddy issues

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Un autre premier roman intéressant en cette rentrée littéraire. Bien que complètement différent que L’angoisse d’être à jeun, de Sara Robinson, ils ont des thématiques similaires. C’est l’histoire d’une jeune femme qui a une liaison avec un homme marié plus âgé qu’elle. Un cas classique de daddy issues, diraient certains.es. Une fois qu’on a dit ça, on a tout dit. Fin. Vraiment   ? Tout d’abord, avant d’aller plus loin dans l’analyse du texte : Quelle expression fourre-tout que celle de daddy issues   ! Chaque fois qu’une femme a un comportement x ou y, c’est parce qu’elle a manqué de son père, ou qu’elle a eu une mauvaise relation avec lui, qu’elle cherche son amour à travers un homme plus âgé. C’est facile tout ça   ! Peut-on avoir une relation avec un homme qui est notre aîné sans que ça soit causé par une relation complexe avec son géniteur   ? Dit-on d’une personne qui a une relation amoureuse ou sexuelle avec une autre personne du même genre que c’est parce qu’iel a des mommy/da