Les profondeurs abyssales de la dépendance

Par Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique Nicolas Charrette nous fait entrer à pieds joints dans la tête de Victor, un photographe désabusé, alcoolique de surcroit. Son objectif agit comme un obstacle entre le monde et lui. Il observe la vie avec ou sans son appareil photo, mais toujours en restant éloigné. Ces sujets préférés sont les itinérants. Il saisit chaque fois ses clichés à distance, jamais il ne les prend de près. Pour exorciser ses démons ou, à tout le moins endiguer le trouble qu’il ressent, il écrit cette longue lettre à son amie qui vit à Berlin. Le malaise y est présent dès le début et s’intensifie d’une façon fort émouvante jusqu’à la fin. Dans sa correspondance, il lui confie ses visions, son mal-être, sa soif inépuisable et ses baises. Oui, baises, parce qu’on ne saurait référer aux actes sexuels auxquels il se livre à l’aide de l’expression « faire l’amour ». Ce n’est pas du tout ce qu’il fait. Il la prend violemment et avec mépris, Jade, une com...