48 indices sur la disparition de ma sœur
Marguerite (M.) Fulmer est disparue en avril 1991. En 2011, sa sœur, Georgene (G.) revient sur cet événement et ce qui en a découlé sur 20 ans. M. l’aînée, au physique splendide, était une sculptrice et prof à l’université. Georgene (G.), a 6 ans de moins et une apparence qui correspond moins aux standards de beauté. Elle est viscéralement jalouse de M., plutôt misanthrope — elle est cuirassée au possible, elle garde une distance avec les gens — et son attitude la rend profondément antipathique. Puissance mille. Doutant du travail des policiers, qui pensent davantage à un départ volontaire de M., G. va tenter d’élucider ce qui est arrivé à sa sœur.
Ça m’a pris un certain temps à entrer dans l’histoire. J’ai toujours ce temps d’adaptation avec du Joyce Carol Oates. Son style est si idiosyncratique que j’ai besoin d’un moment pour m’immerger dans ses ambiances. Parce que du Oates, c’est souvent un peu abscons, on ne sait pas où elle veut nous mener, c’est le mystère total. La beauté de la méthode de l’autrice, c’est qu’elle nous amène plus profondément dans la psychologie de ses personnages brisés, mais en zigzaguant un peu, pour couvrir plus large et dresser un portrait vibrant des protagonistes. Ça peut être déroutant pour qui aime des histoires plus linéaires. Par contre, plus on lit, plus on est accroché une fois qu’on se laisse emmener par Oates, on est devant une expérience unique de maîtrise littéraire.
Les grandes forces de Joyce Carol Oates, ce sont ses personnages complexes, tordus, tous en aspérités bien raboteuses qui coupent, même. Aussi, les ambiances un peu brumeuses, lourdes, glauques, parfois malaisantes. Elle aime dérouter son lecteur et le sortir de sa zone de confort. De toute façon, c’est là qu’on découvre le plus de choses sur soi et sur les autres.
Il est important de spécifier, parce que le titre peut induire en erreur, qu’il ne s’agit pas d’un polar. Et les 48 indices sont plutôt difficiles à joindre pour tirer un portrait clair et concret de ce qui s’est passé. Donc, si tu as besoin d’avoir trouvé réponse à tes questions à la fin de l’histoire, il est fort peu probable que tu trouves ton compte avec ce roman. Si, au contraire, tu aimes les zones incertaines, les malaises qui perdurent, oh, que tu seras servi.e !
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