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Affichage des messages portant l'étiquette Santé mentale

Dédé

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Je me souviens exactement d’où j’étais et de ce que je faisais quand j’ai appris la mort d’André Fortin. N’ayant pas écouté le dernier disque du groupe à l’époque, j’avais été fort surprise.  Christian Quesnel s’est entretenu avec des proches de Dédé afin de concocter une BD où l’on entre en intimité avec le chanteur. L’album raconte dans les grandes lignes l’histoire du Fortin, présenté de son point de vue. L’auteur a pris pour base des notes et écrits de Dédé ainsi que des témoignages de famille et amis. On y rencontre un homme passionné, perfectionniste, exigeant envers lui-même qui avait du mal avec la célébrité. C’était un gars de groupe, de communauté. Il voulait vivre l’amour, mais ne savait pas comment le gérer, comment être heureux. Les illustrations sont magnifiques ! Les superpositions avec les textes manuscrits donnent une facture visuelle qui appuie le propos. Au départ, les couleurs sont chaudes et vives, puis elles s’assombrissent au fur et à mesure. Le tout en suppo...

L'humain derrière la maladie mentale

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Premier roman de Marie-Ève Cotton, Pivot tourne son regard sur le vécu des patients de l’unité psychiatrique. Pivot, c’est Hadrien Jalbert de son vrai nom. On le surnomme Pivot depuis des années en référence à Bernard Pivot. C’est qu’il est érudit! Durant son séjour à l’unité psychiatrique sous ordonnance de la cour parce qu’il a été jugé non criminellement responsable des voies de faits commis, il côtoiera Jésus,   Jonathan Livingston, le Chat de ruelle, la Voisine orange et Mary. Tombé sous le charme de cette dernière, qui entend des morts qui hurlent, il s’imaginera une relation amoureuse avec elle. Il se sentira aimé, privilégié. Il a enfin quelqu’un avec qui il s’entend. Quand un drame secouera l’unité des soins psychiatrique, les patients seront tous chamboulés, Pivot particulièrement. Arrivera-t-il à remettre sa vie sur ses rails? L’auteure explore non seulement le fonctionnement de l’unité psychiatrique, mais surtout le quotidien des patients, tous convaincus qu’ils ne sont...

Abattre la bête : le summum pour la fin

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C’est avec un plaisir doux amer de retrouver la Bête, car on sait que c’est la dernière fois. Incarcérée à l’Institut Philippe Pinel, la Bête fomente des « plans de nèg », comme je suis sûre qu’il les décrirait lui-même, pour retrouver sa mère. Eh oui, cette obsession n’est pas près de lui passer! La Bête, toujours en quête d’amour et de reconnaissance, tombe amoureuse ou « en amitié » à rien. Elle démontre une naïveté désarmante, preuve de son développement affectif cristallisé dans la prime enfance. C’est pour cela que l’on s’y est attaché et qu’elle nous manquera. C’est aussi pour cela qu’elle se mettra dans des situations toujours plus abracadabrantes. Que dire de plus sinon que la Bête est encore plus déchaînée que jamais? Elle et l’auteur, David Goudreault, sont au summum de leur forme dans ce dernier opus. Non, mais quel esprit inventif, vif, fabuleux! La plume alerte et vitriolique de Goudreault rythme le récit de telle manière qu’il semble qu’on entend l’hom...

Une suite épatante pour David Goudreault

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La bête est incarcérée dans une prison à sécurité maximale, dans l’aile psychiatrique, ce qu’il trouve plutôt incohérent, puisqu’il n’a pas été jugé incompétent à subir son procès, pour cause de maladie mentale. Il doit y purger une peine de 16 ans. Être l’esclave de tous, très peu pour lui. Comment fera-t-il pour s’imposer dans le milieu carcéral qu’on sait hyper hiérarchisé? Au fur et à mesure que son séjour avance, il se découvre de grandes ambitions. À défaut d’avoir eu l’amour et la reconnaissance de sa mère, il sera connu du monde. Il tuera à nouveau et passera aux nouvelles? Comment? Quand? Il ne sait pas, mais il réfléchit à une façon de réaliser ce grand projet. Ce qu’on lit, c’est le fil des événements qui se sont passés après son deuxième meurtre. On sait donc qu’il tuera à nouveau. On ne sait pas quand ni comment. Tout comme dans La bête à sa mère , c’est abrasif et c’est sombre. Mais c’est aussi rempli d’un humour parfois loufoque. Il y a de nombreux passages qui sont carr...

Anna, salle d'attente

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Anna est en démarche pour devenir mère, à l’aide d’insémination artificielle. Elle a 27 ans, on bon travail, pas d’amour dans sa vie. Mais comme ce n’est pas nécessaire d’être en couple pour avoir des enfants, pourquoi ne pas le faire maintenant. Le processus est dur pour le corps et pour l’esprit. Après sa troisième insémination, elle décide de se tourner vers l’adoption par l’entremise des Centres jeunesse. Elle souhaiterait avoir un bébé, mais elle sait que les chances de recevoir la garde d’un enfant plus âgé sont plus élevées. Qu’à cela ne tienne, elle désire profondément  êtr e mère. Mais voilà, en vacances, elle rencontre Michaëlle qui a volé à son secours alors qu’elle était malade et délirante. Elle tombe sous le charme de cette amazone, bonne baiseuse, libertine et nomade de son état. Elles se quittent après quelques bonnes baises et à la grande surprise d’Anna, quelques semaines plus tard, se retrouvent à Montréal. Malheureusement, Anna veut trop, tout de suite. Elle tom...

En territoires interdits, tome 1 : les tragédies d'une vie

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On rencontre Justine, 27 ans, alors qu’elle rencontre une psychiatre afin de l’aider à guérir des traumatismes de son passé. À travers ces séances, on alterne entre le passé et le présent. D’abord réfractaire à s’ouvrir, la jeune femme brise tranquillement ses secrets. Durant des années, elle a été agressée sexuellement par son grand-père. Ces assauts ont fait d’elle une femme brisée, vulnérable. Quand sa mère se met en couple avec Pierre, Justine rencontre les fils de celui-ci, Alexandre et Antoine. Dès qu’elle le voit, elle devient amoureuse de ce dernier. Une passion fulgurante autant qu’interdite naît. Antoine y résiste un certain temps alors que Justine met tout en œuvre pour vivre son amour. Consciente du tabou qui entoure la relation qu’elle souhaite, elle a des moments de lucidité qui la mène à parfois repousser Antoine. Ainsi s’installe un lien toxique qu’ils tentent de combattre autant que d’y succomber. Cette histoire est vouée à un destin tragique. En territoires interdits ...

Au cœur d'un esprit torturé

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Dès le début de la lecture, on est immergé dans un fonctionnement mental hors du commun. En naissant, Christine a reçu un aller simple pour l’enfer. Elle est une enfant différente et elle en est consciente. Elle ne pense pas comme les autres. Sa psyché est fort troublée. Sa conviction d’être « anormale » est le moteur apparent de sa quête d’indivisibilité. On a l’impression qu’elle souhaite une forme de symbiose intra-utérine : tout comme elle recherche l’inaltérabilité, elle cherchera l’amour absolu. Les hommes avec lesquels elle aura des relations plus soutenues s’occuperont d’elle comme un parent le ferait. Comme ses parents ne l’ont pas fait. Ceux-ci se révèlent être fort irresponsables, centrés davantage sur leurs besoins que sur le bien-être de leur fille. Sa mère est obsédée par la séduction. Son ambition était de trouver un mari bien nanti afin qu’elle puisse rester à la maison. Elle tance Christine durant toute son enfance pour qu’elle perde du poids, qu’elle dev...

La fille qui n'existait pas

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Par Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique Aude et son frère Ozzy se sont échappés de leur famille d’accueil avec Emma, parce qu’il y subissait de mauvais traitements de la part de XX et de son fils. Aude a promis de protéger son frère et c’est exactement ce qu’elle fera, mettant de côté sa propre vie et ses propres besoins afin d’être au service d’Ozzy, qui aura bientôt 18 ans. Après leur fuite, ils habitent dans un bâtiment désaffecté, un squat, avec une bande de personnages tous plus originaux les uns que les autres. C’est ce qu’ils appellent « La Tribu ». Il y a Mollusque, le Bibendum naïf et pas très rapide, qui cherche toujours quelque chose à grignoter. Matsheshu, un Amérindien qui joue du Digeridoo pour tenter d’apaiser la bande, puis Raoul, le nain exhibitionniste pour lequel n’importe quoi devient un prétexte à se dénuder, Emma, l’adolescente qui ne parle pas, un peu en retrait du groupe. Ajoutez à cela Proust, un ancien prof de philosophie dont l’amour de...