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La dépendance de Rachel Cusk, Prix Femina étranger 2022

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Je continue ma lecture de prix littéraires de la saison et cette fois-ci, j’ai envie de vous entretenir sur  La dépendance  de Rachel Cusk, qui a remporté le Prix Femina Étranger. J’ai trimé un peu sur ce billet. Vous allez peut-être comprendre pourquoi à sa lecture. Lorsque M, la narratrice, se promène à Paris, elle passe devant une galerie d’art. Les œuvres qui y sont présentées la frappent de plein fouet. Elle est fascinée et remuée par le coup de pinceau du peintre. Quinze ans plus tard, toujours habitée par le souvenir de ces peintures, elle décide d’inviter leur auteur. Elle a l’habitude de recevoir des artistes « en résidence » dans un dans une maisonnette plutôt spartiate (la dépendance) qui se trouve sur son terrain au bord d’un majestueux marais. 
 Au départ nullement intéressé par cette offre, L finit par accepter l’invitation de M, après plusieurs mois. Il arrive avec une jeune femme, Brett, sans aviser d’abord son hôte. Cela, bien sûr, déplaît à M qui au...

Les méduses ont-elles sommeil? Entrer dans l’univers de Coco & Marie

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Hélène, tout juste majeure, arrive de Trapellun (anagramme de nulle part) à Paris, chez sa cousine Laurine de 32 ans. Elle commence rapidement à consommer de la cocaïne quand Laurine lui présente une belle ligne blanche en lui proposant d’essayer. Pour elle, c’est une révélation. Elle qui a eu une adolescence isolée, qui avait l’impression d’être inintéressante se met à converser et à dire des choses que les autres écoutes. Elle se met à sortir plusieurs soirs par semaine dans les bars avec les amis de sa cousine et sa consommation augmente sans qu’elle s’en inquiète. On ne devient pas accro à la coke. Un jour, celle-ci n’est plus assez pour elle, elle goûte à de la MDMA (l’exctasy), qui est alors une révélation encore plus puissante pour elle que ne l’a été la coke. La musique, les choses se transforment et prennent une dimension tactile, sensorielle. Elles font partie d’elle et elles ondulent à travers elle, à travers ses copains.   L’écriture de Louisiane C. Dor est toute en poé...

Le temps du paysage

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Lundi j’ai fait la lecture du dernier bouquin d’Hélène Dorion. Lundi, je me suis plongé dans ses mots, ses images. Lundi, elle m’a plongé dans mes zones de brouillard. Dans un état presque méditatif, j’ai lu, j’ai vu ce qu’elle a couché sur les pages. J’ai vu, ressenti et pu nommer le petit malaise qui m’habitait depuis quelques semaines. Lundi, après ma lecture, j’ai peint ce que je vivais. Lundi, j’ai mis des mots sur l’inconfort que je couvais. La littérature a la capacité de nous émouvoir. La bonne littérature va plus loin encore. Elle a le pouvoir de résonner en nous et nous amener à une meilleure conscience de nous-même. De nous pousser à agir pour avoir une vie qui nous convient. C’est ce qu’a fait Le temps du paysage pour moi. Ce petit bouquin est composé de textes et d’images qu’Hélène Dorion a écrit et prises alors qu’elle était effectuait une résidence littéraire en Italie. À travers les mots et les paysages, elle y explore les états transitoires où l’on ne peut encore ape...

Communication post-mortem

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Pour acheter ce livre, cliquez sur l'image Par Yannick Ollassa/La Bouquineuse boulimique Vickie, 23 ans, apprend qu’elle a une tumeur au cerveau. L’opération est impossible. Elle mourra jeune, trop jeune. À l’annonce de cette nouvelle, elle décide d’écrire un livre. Son testament qu’elle adresse à ses proches. L’auteure nous transporte entre les fragments de ce testament et les réactions des personnes qui lisent l’extrait qui leur est destiné. À chaud, comme ça, encore ébranlés par sa mort. On oscille donc entre le présent et le passé, entre Vickie et l’autre. Des deux côtés, il y a la douleur. Celle parfois camouflée de Vickie, puis celle des autres, criantes. La souffrance ultime de ce décès annoncé s’ajoute à celles d’un amour déçu, non réciproque. Elle est omniprésente. Déchirante. Quelle tragédie que cette fin prochaine, alors que sa vie commence, alors qu’elle n’a pas encore connu l’amour! Puis il y a la blessure du viol qu’elle a subi. Il y a cette scène de fête avec l...

Ne dites pas à ma mère que je suis vivant

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Par Yannick Ollassa/La Bouquineuse boulimique Il y a dix ans, un drame a eu lieu dans la famille de Thomas. Depuis que le drame a éclaté, sa mère, Béatrice, séjourne dans une clinique à l’Île d’Orléans. Pour sa part, Clément, proche de cette dernière, ne s’est jamais remis des événements et de ce qui en a découlé. Il s’est coupé de son père et de sa sœur. Deux fois, il a tenté de concrétiser son désir de mourir. Depuis sa dernière tentative de suicide, il se trouve à la même clinique que Béatrice, qui ne le reconnaît pas. Pour elle, sa fille, son mari et son fils ont tous péri dans l’incendie de leur maison. Thomas visitera sa mère sans relâche afin de provoquer un déclic qui lui permettrait de se souvenir à nouveau de sa vie, de lui, et de le consoler. Après avoir trouvé une photo que Béatrice avait en sa possession, il essaie de creuser cette piste afin de ramener sa mère à la vie. Certes, c'est le choc de l’événement qui a plongé la mère dans ce mutisme et dans cet état. Toutefo...

Quand les guêpes se taisent : le charme de la vie

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Stéphanie Pelletier présente cet automne 14 nouvelles où elle aborde les thèmes universels de la vie et de la mort. L’auteure, par sa plume, fait appel à tous nos sens et nous amène dans diverses réalités. On voudrait que chacun de ses textes se transforme en roman. Ils sont absolument incroyables, magnifiques et si uniques. Ses phrases sont simples, s’emboitent parfaitement afin de créer une histoire en si peu de temps et nous remplir d’émotions. Certains tableaux sont à peine plus longs qu’une page. Je n’ai jamais lu de nouvelles si courtes et ce détail m’a échappée à ma première lecture. Je n’ai pas pu m’empêcher de les savourer une deuxième fois et je veux encore les relire. L’auteure inclut aussi de façon admirable le vocabulaire québécois à ses histoires. Ce petit recueil est une sorte d’hymne au Québec, à ses habitants et à un moment de leur vie. Ses personnages principaux ont tous les âges, mais sont majoritairement féminins. Voici un extrait qui démontre bien le style et ...