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Après minuit / Wrong place, wrong time

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English version below Jen et Kelly ont donné à leur garçon Todd, 18 ans, la permission de rentrer à une heure du matin, le 30 octobre 2022. Jen vient de terminer de préparer la citrouille et surveille à la fenêtre un peu inquiète pour son Todd. C’est la première fois qu’il revient si tard et si elle est soulagée de l’apercevoir au bout de la rue, elle est horrifiée alors qu’il poignarde un passant devant ses yeux. Rapidement, Todd est arrêté et amené au poste de police. Jen et Kelly s’y rendent, mais se voyant refuser l’accès à leur fils, ils retournent chez eux pour essayer de se reposer avant de tenter leur chance à nouveau le lendemain. Mais voilà, quand Jen se réveille, elle entend Kelly et Todd parler dans la cuisine. A-t-il été libéré ? Elle jette un coup d’œil à son téléphone qui affiche la date du 30 octobre et non le 31. Tout se passe exactement comme la veille au matin. Elle comprend rapidement qu’elle est dans une boucle temporelle. À partir de cet instant, sa quête est de f

Et j'ai cessé de t'appeler papa

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Ce petit bouquin à fait le voyage de la France au Québec l’été dernier dans les valises de ma belle-sœur. Il était temps que je le lise!   Le 2 novembre 2020 en pleine pandémie de COVID, lorsque le mari de Caroline Darian entend le message de sa belle-mère lui demandant de la rappeler en urgence au sujet de son beau-père, il pense tout de suite que ce dernier a dû être hospitalisé. C’est avec étonnement que le couple apprend que le père de Caroline a été arrêté pour avoir filmé sous les jupes de trois femmes. Mais ce n’était que la pointe de l’iceberg, car en fait, il a drogué et livré son épouse à d’autres hommes qui l’ont violée.   Ce que Caroline Darian nous raconte ébranle les certitudes à plusieurs niveaux. On apprend que la soumission chimique serait plus fréquente qu’on ne le croit et qu’elle n’est pas que l’apanage des inconnus dans les bars. Elle illustre de manière frappante le tiraillement et le sentiment de trahison ressentis, notamment par l’imbrication dans le texte de so

48 indices sur la disparition de ma sœur

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Marguerite (M.) Fulmer est disparue en avril 1991. En 2011, sa sœur, Georgene (G.) revient sur cet événement et ce qui en a découlé sur 20 ans. M. l’aînée, au physique splendide, était une sculptrice et prof à l’université. Georgene (G.), a 6 ans de moins et une apparence qui correspond moins aux standards de beauté. Elle est viscéralement jalouse de M., plutôt misanthrope — elle est cuirassée au possible, elle garde une distance avec les gens — et son attitude la rend profondément antipathique. Puissance mille. Doutant du travail des policiers, qui pensent davantage à un départ volontaire de M., G. va tenter d’élucider ce qui est arrivé à sa sœur.    Ça m’a pris un certain temps à entrer dans l’histoire. J’ai toujours ce temps d’adaptation avec du Joyce Carol Oates. Son style est si idiosyncratique que j’ai besoin d’un moment pour m’immerger dans ses ambiances. Parce que du Oates, c’est souvent un peu abscons, on ne sait pas où elle veut nous mener, c’est le mystère total. La beauté d

Terrasses

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Tranche de vie : je me souviens du 13 novembre 2015. J’étais à Paris pour une dernière nuit avant de reprendre l’avion. Je me réveille alors que j’ai des dizaines de messages et appels manqués. Famille et amis au Québec n’étaient pas encore couchés et tentaient de nous joindre pour savoir si on allait bien. C’est là que j’ai appris que des attentat avaient eu lieu à Paris.     Terrasses est un magistral récit polyphonique où les voix s’additionnent pour nous plonger au cœur des attentats terroristes du point de vue des victimes, des blessés, de leurs familles, des intervenants de première ligne. Ce condensé d’expériences ne nous laisse pas indemne. On a l’impression d’une tornade. D’abord l’éclatement. Ensuite le silence assourdissant dans l’œil de la tempête avec cette impression que le temps est en suspens. Puis à nouveau le maelström émotif.    Tout au long de la lecture, sous la plume experte et ultra sensible de Laurent Gaudé, on passe par le choc, la terreur, la douleur, le chaos

Ma sœur, serial killeuse

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  « Ayoola m’appelle et prononce ces mots que j’avais espéré ne plus entendre : Korede, je l’ai tué»   Ainsi débute le roman dans lequel on suit Ayoola et Korede, deux sœurs qui vivent avec leurs mères au Nigéria. Ayoola, jeune et d’une beauté époustoufflante, a tendance à tuer ses amants et à appeler Korede pour que celle-ci l’aide à nettoyer la scène de crime et à se débarrasser du corps. Quand Ayoola s’intéresse à un collègue de travail de sa sœur qui en pince secrètement pour lui, les choses se compliquent.    C’est bien, sans plus. Je pensais qu’il y aurait plus de meurtres. Qu’on en apprendrait davantage sur Ayoola et pourquoi elle a l’impulsion de tuer ces hommes. On ne creuse pas particulièrement cet aspect-là. La focale du roman c’est la façon dont Korede vit avec ça. Ses doutes, ses remords, pourquoi elle est si loyale à sa sœur, la préférée de leurs parents.  Puis vers la toute fin, on apprend quelque chose sur Korede que j’aurais aimé qui soit exploité.   Sinon, ben, Ayoola

La septième lune, de Piergiorgio Pulixi

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« Eva, Mara et Vito Strega fêtent la naissance de leur nouvelle unité d’enquête dédiée aux crimes en série dans un hôtel de luxe au cœur du Supramonte sarde, lorsqu’ils apprennent que le corps sans vie d’une jeune fille a été retrouvé dans le parc de Lombardie. Clara Pontecorvo arrive la première sur les lieux, découvrant un crime atroce qui lui rappelle une autre affaire survenue en Sardaigne.  »    La première enquête du quatuor,   L’île des âmes , je ne l’ai pas lue. En fait, je ne savais même pas qu’il existait. Bref,   La septième lune   y réfère, mais j’ai quand même été capable de suivre sans trop être embêtée.     D’emblée, je dois dire que j’ai préféré  Le chant des innocents , un des précédents romans de Pulixi. Ici, l’histoire débute très lentement. Il y a une disparition, mais les policiers ne prennent pas au sérieux l’inquiétude de la famille, ce qui fait que le tout ne démarre pas vite. Ajouté à cela les parties entre Strega, Mara, Eva et Bepi, l’équipe de la nouvelle esc

Phallers

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Dans un futur proche, les viols sont toujours une problématique sociale. Or, on ne sait pas comment, mais des femmes et des jeunes filles ont développé la capacité de faire exploser les pénis. On les appelle les Phallers. Violette, 17 ans, se retrouve du jour au lendemain avec ce pouvoir. Affolée, par ce qui lui arrive, elle est littéralement enlevée par des femmes qui semblent savoir ce qui se passe avec elle.    Que faudra-t-il pour que les hommes cessent de commettre des viols ? Dans Phallers , Chloé Delaume imagine un moyen draconien, mais efficace, on le sent. Derrière le côté farfelu du roman, une sérieuse question se pose : que peut-on faire pour enrayer ce fléau ? Les (rares et généralement légères) peines de prison ne semblent pas endiguer cette quête de pouvoir masculin sur les femmes. Existe-t-il quelque chose qui serait plus efficace ?    Dans l’ensemble bien écrit, Phallers met en lumière la sororité et le sens de la communauté, des valeurs essentielles afin d’effectu