Mensonges sous toutes leurs formes
Par Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique
À travers les différences de statuts sociaux, l'euthanasie, les réseaux de prostitution, la jalousie, l'envie et plusieurs autres sujets d’intérêt général, Bernhard Schlinck explore le mensonge dans les sept nouvelles contenues dans « Mensonges d’été ».Quelle qu’en soit la cause, les personnages sont victimes, qu’ils mentent eux-mêmes ou se fassent berner. Que les duperies soient volontaires, importants, de simples omissions, des cachoteries, bref, ils sont leurrés.
En deuxième plan, il y a la relation. Avec autrui et avec soi. Au cœur de ce rapport, il y surgit le doute. Cette incertitude à l’égard des sentiments d’un proche, quant à sa propre capacité de gérer ce qu’il perçoit comme la vérité, ou l’impression que l’autre ne saura pas être à la hauteurérer non plus. Authentique cercle vicieux, cette indécision engendre le mensonge, qui lui, à son tour, accroit l’hésitation. S’ensuit un piège dans lequel on se prend et d’où l’on ne peut se sortir.
Les sept nouvelles sont relativement uniformes, quant à l’écriture, que ce soit le rythme, la structure, etc. Cet aspect est agréable. On ne le retrouve pas souvent dans les recueils de nouvelles. Généralement, il y a beaucoup d’inégalités, qui nous donnent l’impression de noyer de bons textes avec d’autres beaucoup moins réussies. Ça donne lieu à un résultat plus ou moins heureux et l’on sort de la lecture légèrement insatisfait. Ce n’est par chance pas le cas ici. L’écriture de Schlink coule tel un ruisseau. Elle est uniforme, solide, tient le coup tout le long.
Plusieurs sont touchantes, notamment, Arrière-saison. C’est un peu la version adulte d’un amour de vacances où l’on se promet que l’on restera en contact, alors que l’on sait très bien qu’on ne le fera pas. Il s’agit d’une passion e, tel l’embrassement d’un feu qu’on aurait allumé à l’aide d’accélérant.
Tous les personnages modifient la vérité pour ne pas blesser, parce qu’ils ne s’assument pas, pour être aimé, par peur de décevoir, peu importe! On se retrouve, pour la majorité, devant des mensonges ordinaires. Ces menteurs sont comme nous. En fait, ils sont peut-être nous!
Mensonges d'été
Bernhard Schling
Gallimard
32,95 $ / 21 €
Commentaires
Publier un commentaire