Le « roi de la main » rêve de grandeur
Jean Charbonneau nous présente le Montréal d’après-guerre aussi appelé celui du Red Light. C’est une période très propice à la criminalité et à la débrouillardise hors-norme. Chacun essaie de tirer son épingle du jeu par tous les moyens possibles, ou cherche à noyer sa tristesse dans toutes sortes d’abus.
C’est ainsi que Jérôme Ménard, le « roi de la main », s’est construit tout au long de son existence pour enfin être le maître du quartier Saint-Laurent/Saint-Urbain. Il œuvre dans le racket de la protection et s’est bâti une réputation lui permettant d’être à l’abri des gros pontes ayant de vastes territoires. Seulement il désire bien plus. Il veut contrôler tout ce qui touche à « la main », dont la distribution de l’héroïne afin d’assurer l’avenir de son clan. Ce faisant, il va se retrouver confronté au boss de son frère Georges qui ne compte pas laisser partir si facilement ses parts de marché.
Écrit à la façon de scènes de cinéma, dynamiques et souvent courtes, l’auteur nous promène d’époque en époque nous présentant non seulement les personnages dans leur vie actuelle (en 1948), mais aussi leur histoire. De cette façon, on se surprend à trouver attachant des êtres qu’en temps normal nous aurions simplement décriés aux vues de leurs actions souvent violentes. De plus, cet ouvrage nous livre un regard sans voile sur l’histoire de Montréal ainsi que ses dynamiques sociales.
Entre roman noir et peinture sociale du Montréal de la fin 1940, ce livre se dévore avec plaisir. Il faut cependant s’habituer aux sauts temporels qui peuvent être un peu déstabilisants au début, impression surtout marquée à cause de la brièveté des chapitres. Par contre, cette même brièveté associée au style d’écriture rend l’histoire vibrante et accrocheuse. Une découverte à réaliser.
Dominique de Leeuw
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