Et si les chevaliers de l’apocalypse étaient des femmes blondes?

C’est la question qu’on se pose à la lecture du troisième roman d’Emily Schultz. Carrément! J’ai piqué un tant soit peu votre curiosité? Alors, je vous raconte.

Dans la vingtaine, Hazel Hayes, une jeune Torontoise fille de coiffeuse étudie à New York afin de faire des recherches pour son mémoire sur l’esthétologie. Jusque-là, rien de particulier. Elle fait son train-train quotidien, tout en tentant de gérer au mieux une nouvelle inattendue. Elle est enceinte de son directeur de mémoire. Encore là, pas de quoi s’indigner outre mesure.

C’est alors qu’une étrange pandémie touche le monde. Un virus s’attaque aux femmes blondes, que leur crinière soit de cette teinte naturellement ou le fruit d’un rendez-vous au salon de coiffure. Les premiers symptômes de la maladie sont des cris, des grimaces, ou encore l’expression de sentiments négatifs. Puis, ces femmes hystériques deviennent violentes et se livrent à des meurtres. Les manifestations de la maladie se multiplient et Hazel est témoin de plusieurs attaques, ce qui la laisse terrorisée. La panique s’empare de la communauté mondiale et les femmes jugées à risque sont mises en quarantaine et tondues.

Heureusement ou malheureusement pour Hazel, elle n’est pas blonde, mais rousse. On la considère donc à risque de contracter et de propager le virus. C’est ainsi qu’en tentant de se rendre à Toronto pour annoncer la nouvelle de sa grossesse à son professeur, elle se voit expédiée dans un CLIT (Centre Local Isolement Temporaire). Elle finit par être libérée après huit semaines de détention et cherche à retrouver les siens à Toronto.

À travers plusieurs éléments, les CLIT, l’hystérie, la méfiance envers les femmes et la misogynie croissante, il m’est impossible de ne pas y voir une boutade à la théorie freudienne selon laquelle l’hystérie est une maladie féminine qui a pour origine l’utérus, ainsi que concernant la sexualité féminine : une femme est jugée immature sexuellement si elle est clitoridienne, puisqu’une femme mature devrait être vaginale et jouir par la pénétration, donc l’accueil de l’homme en son antre du plaisir.

Au-delà de Freud, c’est une réflexion, une critique sur les critères de beauté, le rôle de la chevelure dans la beauté et l’image corporelle des femmes. Et que dire de la panique qui touche la population? Réaction grandement alimentée par la couverture médiatique dont bénéficie le phénomène. Ici, l'auteure souligne la propension de certains médias à donner dans la désinformation. Quand on y pense, ce n'est peur-être pas si « tiré par les cheveux » que ça...

Riche en rebondissements et en clins d’œil, l'histoire à première vue rocambolesque peut être lue au premier niveau. Cependant, les lecteurs qui aiment déchiffrer les deuxième ou troisième niveaux trouveront des éléments intéressants, bien qu’à mon avis, l’auteure aura pu les développer davantage.

Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique


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