Patchouli de Sara Lazzaroni

C’est un roman frais et tout en candeur que le premier roman de Sara Lazzaroni. Il met en scène Patchouli – vous l’aurez compris, ses parents étaient des hippies –, une jeune femme de 24 ans, qui rêve de devenir photographe pour le National Geographic, mais revient au Québec après des années de vagabondage à travers le monde. En arrivant, elle apprend que sa mère se meurt d’un cancer.

Elle qui n’a jamais eu de racines – elle vivait dans un winnebago avec ses parents – tente de se trouver un point d’ancrage à Québec. Pour ce faire, elle se trouve un emploi dans un restaurant italien, dont les propriétaires lui offrent un accueil digne d’un membre de la famille. Dans l’éventualité de la mort prochaine de sa mère, et parce qu’elle n’a plus de liens avec son père depuis des années, elle se jettera dans ces bras ouverts.

Le personnage est en quête existentielle. On peut constater les contradictions propres à cette période de la vie. Tant dans la narration du quotidien que dans la lecture du journal, dans lequel elle se cherche. Journal dont, on doit le dire, il émane une belle et douce poésie. Il y a de ces passages qui parlent fort, comme celui-ci, à la page 51 :

« On meurt de trop aimer. C’est mathématique. Le corps n’a plus d’espace pour entasser cet amour : la tête explose. Un amour trop grand tue. Il faudrait prévenir les enfants, éviter toutes ces morts inutiles. Le cœur est trop petit. Si le cœur était plus grand, il y aurait plus de place pour aimer. L’humain est un animal trop grand coincé avec un cœur trop petit, voilà. »

Il en ressort aussi l’absence de points de repère. Patchouli ne connaît que le mouvement. Cependant, elle ne semblait pas si bien dans le mouvement. D’ailleurs, le fil du temps y est difficile à reconstituer, à suivre. Il y a des dates, sans années. Elle semble lire des pages au hasard. C’est la façon dont l’auteure exprime la recherche d’identité de Patchouli. Le lecteur ressent ce sentiment d’être perdu, comme le ressent Patchouli, de ne pas avoir de base, d’ancrage. Il flotte avec elle et se rend compte que son ancrage se trouve avec la famille italienne propriétaire du restaurant pour lequel elle travaille. Et elle s’y ancre fermement, allant vivre avec des collègues italiens, apprenant leur langue, se plongeant dans le cinéma italien, comme si elle cherchait à en faire sa nouvelle identité.


 Un écrit sur les liens, les attaches. Sur le chemin vers la maison.

Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Petite-Ville

48 indices sur la disparition de ma sœur

La psy / Never lie, Freida McFadden