La déesse des mouches à feu


On est au Saguenay en 1995. À cette période post Kurt Cobain, une adolescente de 14 ans qui idolâtre Mia Wallace, le personnage interprété par Uma Thurman dans Pulp Fiction. Elle aime bien sûr flâner au terminus ou au « campe » avec ses copains, à écouter de la musique, prendre de la drogue et boire de la bière. C’est le moment des premiers chums, des premières baises, des premières peines, des gros mensonges lourds de conséquences. Et 1995, on s’en souvient, c’est l’année du déluge qui a décimé de très nombreuses maisons.

Le roman est rédigé comme on parle, utilisant des expressions propres au Saguenay. On réalise à quel point c’est un autre monde que la vie montréalaise. Une vie où la nature est importante, où la chasse et la pêche font partie des mœurs. On s’habitue rapidement à la musique de cette langue, même si on n’en comprend pas nécessairement tous les mots.

Durant ma lecture, je me suis demandé quelle était l’intention de communication de l’auteure. Rappeler des souvenirs à ceux qui ont vécu cette époque à cet endroit? Donner une voix des jeunes Saguenéens?

Le roman est narré à la première personne. Catherine nous relate principalement ce qu’elle fait. Comme il est normal qu’une adolescente de 13 ans ait une capacité d’introspection limitée, j’aurais aimé une autre perspective. Particulièrement parce que le personnage est plutôt distant, détaché. Comme si rien ne la touchait. Même le drame qu’elle vit plus tard fait surgir chez elle des émotions qui semblent de courte durée. Aussi, avoir le point de vue de ses amis, par l’entremise d’une narration à la troisième personne ou par l’inclusion de quelques dialogues aurait permis de donner plus de corps à l’histoire. En leur absence, j’ai trouvé le récit plutôt linéaire.


Il arrive parfois qu’on ait l’impression de passer à côté d’un livre. Ce n’est pas qu’il soit mauvais, mais c’est simplement qu’on n’accroche pas à l’histoire, qu’on ne s’attache pas aux personnages ou encore qu’on n’arrive pas à déceler ce que l’auteur a voulu dire. He bien, c’est mon cas cette fois-ci. Je n’ai pas accroché. Je n’ai pas réussi à m’attacher à Catherine, la jeune fille cynique, égocentrique qui joue à la dure, comme bien des adolescents. Pourtant le livre fait un tabac. À vous de lire pour voir ce que vous en pensez.


Yannick Ollassa / La bouquineuse boulimique 

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