Déni, d'Anna Raymonde Gazaille
Déni est le deuxième volet d’une série (dont le premier était Traces), mais je vous rassure, nul besoin d’avoir lu la première enquête pour apprécier celle-ci.
Une jeune fille est retrouvée pendue par son hijab au bout du tremplin de la piscine publique du cartier Parc-Extension à Montréal. Est-ce un suicide? Son père aurait-il commis un crime d’honneur? La demoiselle de 16 ans refusait le mariage arrangé que son père avait contracté avec un clan indien de son village d’origine. Après l’affaire Shafi, les policiers sont plus alertes à cette problématique. Mais s’agit-il de cela?
Paul Morel et Josée Fortier, enquêtent dans le quartier le plus multiethnique de Montréal. Malheureusement pour eux, les résidents sont méfiants envers les policiers, le secret plane dans la communauté et la barrière des cultures est difficilement franchissable. Leur tâche se complique lorsque les suspects se multiplient et les morts s’accumulent.
Déni comporte une intrigue complexe, bien construite dans laquelle s’enchevêtrent la drogue, la prostitution, les guerres de gangs de rue et le marché de l’import-export. L’histoire est solidement ancrée dans la réalité criminelle de Montréal. L’auteure distille savamment les indices d’un crime aux ramifications internationales.
Anna Raymonde Gazaille démontre habilement, et avec une sensibilité particulière, les dynamiques multiculturelles. Elle nous immerge dans les rouages de la philosophie musulmane, au cœur même du vécu des pratiquants. On saisit la complexité d’une enquête policière alors que les agents se heurtent, d’une part, à leur incompréhension des valeurs musulmanes extrémistes, et d’autre part, à la fermeture des parents et des membres de la communauté pakistanaise.
Mon seul bémol est qu’au début, dans la mise en place du contexte, la transmission d’informations au lecteur par l’entremise de dialogues entre les policiers, fait un peu plaqué. Un ou deux éléments de dialogue manquent de naturel.
Une lecture qu’on apprécie et qui nous fait voir une autre facette de notre société.
Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique
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