Le meurtre comme processus artistique?

Le fils d’un riche banquier parisien est retrouvé mort sur le terrain de ses parents, dans le Ier arrondissement de Paris. Embarrassé, le banquier fait appel à ses contacts pour étouffer l’affaire. Or, deux autres petits hommes blancs sont découverts dans le IIe arrondissement, puis trois dans le IIIe. Le tout prend des allures de meurtres en séries et le secret du banquier peut difficilement être gardé. 

Dans chaque cas, les cadavres sont dénudés, maquillés et disposés comme s’il s’agissait d’une mise en scène, d’un processus artistique.

La panique s’empare de la population – réseaux sociaux aidant –, d’autant plus que les autorités semblent cacher des informations. S’agit-il d’actes terroristes? De racisme anti-blanc? Ces hypothèses sont récupérées par les partis politiques de droite, particulièrement par le Front National, qui y voit une manière d’aller chercher des votes.

Devant l’ampleur du casse-tête et l’aspect délicat du dossier, Gonzague Leclerqc requiert l’aide de l’inspecteur québécois Gonzague Théberge, alors qu’il est en vacances à Paris, ainsi qu’à Victor Prose, essayiste, et à Natalya Circo, une ancienne tueuse à gages, maintenant tueuse humanitaire.

À mi-chemin entre le roman et l’essai, par l’entremise de Victor Prose, le roman aborde la mort annoncée de l’humanité notamment à cause du méchant occident. Il soulève les crises humanitaires, notamment la montée des extrémismes, l’écologie, l’économie. Tous ces phénomènes amplifiés par la manipulation de l’opinion publique par l’entremise des réseaux sociaux et de la désinformation.

Voilà un roman dense et prenant, ce qui m’amène à vous faire un premier avertissement : si vous lisez ce roman alors que vous êtes fatigués, vous risquez d’avoir du mal à en apprécier la lecture. Il demande toute notre concentration en raison des personnages et des chassés-croisés (même s’il semblerait que l’auteur a diminué le nombre de personnages comparativement à ses œuvres précédentes… imaginez!).

Vous savez, ça arrive parfois qu’en lisant un roman complexe, on perde l’intérêt particulièrement quand il s’agit d’une brique. Pas celui-ci. Il m’a intéressé du début à la fin, même si, avec le nombre de livres qui m’attendent et le déclin de mes facultés de concentration, je suis moins friande de bouquins de plus de 400 pages.

L’auteur fait des clins d’œil à deux grands écrivains de polar : Simenon (les meurtres dans les arrondissements de Paris) et Christie (le titre). Il réfère aussi à quelques-uns de ses bouquins précédents. On en a les titres en bas de page. Malgré cela, le lecteur n’est pas perdu du tout. Ça lui donne seulement envie de lire les romans antérieurs.

Petit « plus » qui vient alléger la lecture, la Ville Lumière est très présente tout au long du récit. On se promène à travers Paris, ses arrondissements, ses cafés et restaurants, ainsi que ses musées. Tout pour charmer l’amoureuse inconditionnelle de Paris que je suis!

Bref, une lecture passionnante qui est tout aussi informative que divertissante. 

Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique

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