La belle mélancolie

Arnaud Delagrave est un ancien avocat qui travaille dans une boîte de communication spécialisée en gestion de crise. Alors que des meurtres ont lieu à la Drago Polar Mine, des clients dont l’entreprise se situe dans le Grand Nord, il est appelé à la rescousse par le propriétaire pour minimiser l’impact de cette tragédie sur l’entreprise. Une enfilade d’événements l’y ramèneront à plusieurs reprises et de concert avec d’autres éléments, le conduiront à se questionner sur les limites de son travail ainsi que sur ses choix professionnels.

Depuis quelques années, Michel Jean tourne sa lunette sur les injustices envers les Amérindiens. Dans La belle mélancolie, il se penche sur un aspect du sort des Inuits, un peuple qui, contrairement à la croyance populaire, ne fait pas partie des Premières nations. Il nous sensibilise encore une fois sur les problématiques sociales qui touchent les Inuits. Pauvreté, prostitution, viol, alcoolisme, contrebande d’alcool et j’en passe.

Dans La belle mélancolie, on retrouve l’aspect « redéfinition existentielle » qui était présent dans ses premiers romans. Comme toute personne qui occupe une profession qui ne lui convient va totalement, Arnaud est en prise à des remises en question. Il s’est laissé prendre par la vie et a suivi un chemin qui l’a éloigné de l’homme qu’il est. De ses passions, de ses valeurs. En cela, il ressemble à plusieurs d’entre nous qui, d’un choix à l’autre, nous sommes laissés entraîner dans le tourbillon des nécessités, des ambitions. Pour Anraud, l’un des déclencheurs est sans nul doute sa liaison avec Amélie Roy, une jeune avocate. Étant à différents stades de leurs vies personnelles et professionnelles, sa présence soulève des interrogations. Soudainement, sa conscience du passage du temps est exacerbée. Ce qui n’était au départ qu’un vague inconfort se transforme en malaise de plus en plus palpable. De plus, la confrontation des deux mondes; sa vie à vive allure à Montréal dans le confort et la détresse et le dénuement vécu dans le Grand Nord, ainsi que le fait de fréquenter une femme dans la vingtaine le plongent directement dans le souvenir de sa jeunesse, à l’époque où il rêvait d’aide humanitaire. Pour en rajouter, son passé se rappelle vivement à lui sous la forme d’une ancienne amoureuse, rencontrée par hasard, ce qui exacerbe son trouble. La vie nous met parfois dans des situations qui forcent la remise en question. Cette réalité, Michel Jean l’aborde habilement.


Derrière le journaliste que l’on connaît se cache un humaniste. Un homme qui, par ses écrits, suscite la réflexion sur l’état de notre société ainsi que sur notre vie en tant qu’individu. Le tout sans ton moralisateur. Il ne fait que dépeindre des situations, parfois bien injustes, mais bien réelles.

Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique

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