Jeudi jeunesse : Gamer tome 2, une chronique et un entretien avec l'auteur!

La bande de Laurianne cherche toujours à découvrir qui est derrière la page Facebook qui a pris Margot pour victime dans le premier tome. Pendant que Laurianne élabore un plan pour régler le compte de Sarah-Jade, qui semble en avoir après eux, le groupe d’amis se pratique pour un grand tournoi. Mais de ce côté-là aussi des choses étranges se passent. Certains gamers auraient été victimes d’attaques dévastatrices.

La série de Pierre-Yves Villeneuve saura plaire aux amateurs et amatrices de jeux vidéo. Car, il est important de le mentionner, plusieurs personnages, dont le personnage principal, sont des filles. Le roman regorge d’action et d’intrigue, que ce soit dans les très nombreuses scènes de jeux ou dans celles de la vie. Les scènes de jeux sont bien construites et détaillées au point qu’on s’y croirait. Quant aux passages concernant la vie hors jeu vidéo, ils reflètent la réalité adolescente : les préoccupations amoureuses, l’amitié, l’école, les relations avec les parents, les relations tendues avec certains collègues de classe qui peuvent parfois se transformer en intimidation, etc. J’ai trouvé intéressant de voir que les jeunes agissent dans la vie comme dans le jeu, usant de stratégie. Ils mettent à profit leurs aptitudes dans tous les domaines de la vie. Les jeunes sont fort sympathiques et il est touchant de voir à quel point ils sont prêts à tous les uns pour les autres.

Bref, une série qui vaut la peine d’être découverte!

Échange avec Pierre-Yves Villeneuve

Pourquoi avoir choisi une fille comme personnage principal?
Tout d’abord, d’écrire du point de vue d’une jeune fille de 14 ans allait me sortir de ma zone de confort pas à peu près ! C’est quelque chose que je n’avais jamais tenté.

En développant l’histoire, je me suis rapidement rendu compte qu’un personnage féminin allait me permettre d’explorer beaucoup plus de sujets intéressants, et pas que dans l’univers des jeux vidéo.
On s’attend aussi toujours à ce que les filles lisent les histoires mettant en scènes des gars, mais rarement va-t-on pousser un gars à lire une histoire mettant en scène une fille. C’était l’occasion idéale de rejoindre les filles avec un personnage fort et les garçons avec un sujet qui (traditionnellement) les attire.

Quel personnage vous ressemble le plus? Le moins?
Je me retrouve dans plusieurs personnages. Ce sont des détails : la timidité de Margot, le côté plus solitaire de Laurianne, etc. Mes amis seraient probablement mieux placés que moi pour répondre à cette question. J’aimerais bien qu’ils disent que Laurianne me ressemble, mais je sais que c’est faux, car elle est beaucoup plus cute et cool que je ne l’ai jamais été à son âge.

Sarah-Jade est définitivement celle qui me ressemble le moins. Je n’ai pas ce genre de malice en moi.

Dans la série Gamer, y avait-il des éléments qui étaient importants pour vous d’aborder?
Une de mes filles est une geekette pure et dure. Elle adore les films de SF, les BD, les comics et les superhéros. C’est dans son ADN. Il y a quelques années, voyant sa tuque de Spider-Man, un petit garçon lui a dit qu’elle n’avait pas le droit d’aimer ça parce que c’était pour les gars. Ça m’avait fâché. Parce qu’ensuite, de peur de se faire juger, elle s’est souvent retenue d’afficher son côté geek.
À la base, il y a donc cette idée de montrer que les filles s’intéressent aux superhéros, aux jeux vidéo et aux sciences.

Mais aussi que le monde est encore beaucoup plus sexiste qu’on ne le croit.
Les gars n’imaginent pas tout ce que les filles doivent affronter quotidiennement pour se rendre là où elles sont.

Beaucoup de gens disent que les jeux vidéo sont nuisibles, notamment parce qu’ils entraînent une certaine passivité. Qu’en pensez-vous?
Il y a de cela jadis, on a dit ça du livre. Et dans les années 1980-90, on accusait les walkmans de rendre les gens plus individualistes. Comme toute chose, il faut savoir se contrôler, s’imposer des limites quand ça devient un problème. 

Les jeux vidéo ont aussi des avantages. Ils permettent de développer les réflexes, de savoir gérer plusieurs situations à la fois (multitasking), les joueurs ont une meilleure conception spatiale, ils activent leur matière grise, font travailler leur mémoire, etc. Les bons chirurgiens sont souvent des adeptes des jeux vidéo, parce qu’ils ont développé une meilleure motricité fine.

Qu’est-ce qui vous plaît dans l’univers des jeux vidéo?
Justement, ce sont les univers qui y sont développés. Ce sont de véritables dimensions parallèles. Les histoires sont de plus en plus complexes, les mondes de plus en plus grands, et graphiquement parlant, certains sont des chefs-d’œuvre.

Présentement, je m’intéresse beaucoup aux jeux qui sortent des sentiers battus et qui permettent aux joueurs de mettre la trame narrative de côté, des jeux qui sont si massifs que l’exploration du monde virtuel est une fin en soi (EVE Onlineet No Man’s Sky).

Avez-vous déjà pensé à créer votre propre concept de jeu vidéo?
Quand j’étais au secondaire, au début des années 1990, avec des amis, on croyait avoir eu une bonne idée pour un BBS. Notre bonne idée s’est révélée être vraiment poche, extrêmement mal conçue. Elle n’aura finalement duré que quelques heures. Concept mort-né. Et c’est bien mieux ainsi.

J’avoue que si l’occasion venait à se présenter, si un studio m’approchait pour développer un projet, ce serait bien difficile de dire non.

Quelle est la plus grande qualité d’un jeu vidéo?
L’immersion qu’elle procure au joueur.

Quelle est la plus grande qualité d’un bon gamer?
Il y en a plusieurs : la rapidité d’exécution, l’écoute, le fait d’avoir une bonne communication avec ses coéquipiers, le sens de la stratégie. Je crois qu’avant tout, il faut une bonne imagination pour tirer son épingle du jeu, affronter les ennemis, qu’ils soient NPC ou contrôlés par des joueurs, et résoudre les énigmes que les programmeurs auront semées dans les jeux.
  
D’où vous est venue l’idée d’écrire?
L’idée existe depuis des années, mais le chemin pour y arriver a été long et tortueux. Comme je suis paresseux de nature, plusieurs obstacles ont contribué à me détourner de mes projets. Ces dernières années, l’appel littéraire a grandi en moi jusqu’à me pousser (enfin !) à mener un projet à terme.

De manière générale, êtes-vous un lecteur? Si oui, quelle littérature vous plaît davantage?
Je suis un lecteur omnivore et vorace ! Je lis de tout ! Je traîne toujours un livre avec moi. Comme tout le monde, j’ai des préférences, des genres préférés (la SF, le fantastique, la fantasy, le romans policiers, la BD, etc.). Mais je ne pourrais pas m’enfermer et me restreindre à ceux-ci. Je m’abreuve à toutes les sources. Les meilleures comme les pires (il n’y a rien de mieux que de lire un mauvais roman pour savoir ce qu’il ne faut pas faire). J’adore aller découvrir ce que les collègues ont fait en jeunesse, en chick litt, en littérature historique, etc.

Présentement, je suis en train de lire Neuromancer, de William Gibson, la série Alias en BD, qui suit Jessica Jones, les mémoires de Felicia Day et de Wil Wheaton, en plus des romans d’Héloïse Côté, de Philippe Aubert-Côté, de Patrice Lessard, une BD de Pascal Blanchet qui attendent sur ma table de chevet.

Qu’est-ce qui inspire votre écriture?
Tout ! Naturellement, je vais puiser dans ce que je lis, ce que je regarde (en films et en séries), je pige dans mes souvenirs et dans les anecdotes que mes amis m’ont racontées.

La musique prend une grande place dans mon travail. Ça me prend une trame musicale. J’ai écrit le premier tome de la série en écoutant (en boucle) la trame du film Ender’s game, et le second en écoutant celle de la série Daredevil. Travailler avec une trame me plonge dans ma bulle, me permet de retrouver rapidement l’état d’esprit nécessaire à l’écriture d’une scène particulière.
  
Yannick Ollassa / La Bouquineuse Boulimique


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