Philippe H. dans l'angle mort

Hélène a un chum presque parfait. Trop. Trop beau, trop fin, trop cultivé. Elle est irrésistiblement attirée par lui, mais… elle a du mal à gérer tout ça, à laisser entrer le bonheur dans sa vie.

Hélène est en dépression et souffre d’anxiété généralisée, mais ne veut pas que Philippe le sache, de peur que cela mette fin à la relation. Elle décide donc de prendre de la distance, et déménage en Gaspésie où elle a trouvé un emploi de prof de psychologie au Cégep. À quelques semaines du début de la session, elle n’arrive pas à rédiger son plan de cours… C’est que la jeune femme, qui est beaucoup dans sa tête, a des pensées envahissantes, des mots et des pensées surgissent dans son esprit comme éclatent des bulles de champagne. Sauf que contrairement aux bulles, ça ne la rend pas euphorique du tout. Elle analyse tout à outrance, questionne tout et, bien évidemment, ça génère de l’anxiété. Le psy qu’elle voit lui a remis une prescription de médicaments afin de gérer ses symptômes, mais voilà, elle hésite à les prendre. Elle est tiraillée, se disant « oui je prends la médication », puis le moment suivant, elle est convaincue qu’elle peut réussir à gérer son anxiété avec le yoga et la thérapie.

Le rythme du récit est à l’image de ce qui se passe dans la tête d’Hélène. Ça roule à 100 miles à l’heure, fait un peu de coq à l’âne. Son esprit part dans tous les sens et elle nous promène d’une question existentielle à l’autre. Un élément banal peut l’amener à penser la Bible et la façon dont elle la conçoit. Heureusement pour Hélène, elle entend aussi la voix de sa sœur, qui est en Afrique, et qui dédramatise les situations, se moquant d’elle abondamment. Cette touche ajoute un peu de liberté à l’incessant babil qui fait vivre au lecteur le supplice du trouble anxieux généralisé. Non, mais c’est épuisant de vivre comme ça!

Les angles morts du titre réfèrent aux choses que l’on ne voit pas, mais qui sont là, dans notre psyché, dans notre inconscient, dans nos comportements. Choses pour lesquelles il est généralement nécessaire d’avoir recours à un outil pour y accéder.


C’est un roman touchant et d’une certaine légèreté, tout de même, qui débouche sur l’espoir. Il y a toujours un revers à une médaille. Il s’agit de le trouver! La sensibilité de l’écriture de Mylène Fortin nous permet d’accéder à une autre vision des choses. Un bon moment de lecture.

Au fait, ce roman est la suite de Philippe H. et la malencontre, cependant il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier, leurs intrigues étant indépendantes. 

Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique

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