Plonge avec moi
Je ne lis pas souvent de récit, je l’ai déjà mentionné. Pourquoi ai-je fait la lecture de celui-ci ? D’une part, parce que l’auteure, que j’ai déjà lue et appréciée, me l’a proposée et d’autre part, parce que je suis sensible à la situation des gens en situation de handicap et à mobilité réduite.
D’une écriture fluide et sensible, comme si Soleine nous parlait, Claire Cooke nous raconte la vie de cette dernière à partir du jour où sa vie a changé. C’est le 16 août 1998 que Soleine a décidé de suivre l’invitation de son amie de plonger dans la piscine. C’est alors que quelque chose a craqué.
Avec courage (elle n’aime pas trop qu’on utilise ce mot, je la comprends un peu. Deux choix s’offrent à elle : se battre ou abandonner. Le dernier signifierait sombrer dans une souffrance infinie. Quand on est dans la situation, c’est très peu envisageable. Il n’en demeure pas moins qu’elle passe à travers de très nombreuses épreuves relatives à sa nouvelle condition. La quadriplégie c’est plus que juste ne pas marcher et ne pas pouvoir utiliser ses bras. Il y a de nombreuses complications corollaires potentielles. Parmi elles, la réadaptation, les difficultés avec la sonde urinaire, l’hyperréflexie, les escarres qui demandent une intervention chirurgicale et l’alitement durant une longue période, occlusions intestinales, j’en passe. Avec détermination, elle fait face à chaque obstacle avec une volonté de fer.
Là où j’ai de la difficulté avec les récits, c’est qu’on les écrit pour raconter une histoire inspirante, ce qui est louable. Cependant, on effleure à peine le découragement. On l’évoque rapidement comme un passage qui dure cinq minutes, mais il arrive que ça dure plus de cinq minutes. Que ça dure des jours, des semaines, voire des mois. Et c’est correct de se sentir abattu, tant qu’on arrive à en sortir. Si on écrit pour inspirer et encourager les gens dans la même situation, il faut aussi reconnaître l’importance du phénomène passager du découragement, de la peine. Ça permet de normaliser ces sentiments et ainsi, les gens ne se sentent pas seuls à vivre ces émotions. Ils sauront que c’est normal et que l’on peut surmonter les épreuves même si on est présentement ou par moment dans la désolation.
L’effet du recul contribue aussi à la tendance à minimiser le découragement. C’est loin, on s’en souvient peu, les victoires que nous avons vécues depuis l’ont estompé. Pourtant quand on est dedans, le chagrin tellement gros. On a peur de déprimer les gens, d’avoir l’air de s’apitoyer sur son sort, mais c’est une étape normale du processus de deuil que l’on doit faire.
J’avoue que cette lecture n’a pas toujours été facile pour moi, qui suis atteinte de sclérose en plaques et qui me bats quotidiennement pour garder ma mobilité. Perdre sa mobilité, ce n’est certes pas facile, mais avec un fauteuil, on peut quand même arriver à un certain degré d’autonomie, mais ce qui m’effraie en plus, ce sont tous les autres douleurs et problèmes de vessie, d’intestins, de douleurs dorsales et autres. Bien sûr, le récit reste toujours optimiste et encourageant tout en étant émouvant. Soleine réussit à attendre plusieurs de ses objectifs et s’est construit une belle vie.
Chapeau bas !
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