Miss Laila..., dépaysant et passionnant!
J’ai reçu ce roman au début du confinement. Avec l’inquiétude devant la totale incertitude concernant le fameux virus, bien sûr, ma concentration n’était pas maximale. Comme je l’ai mentionné dans mon dernier billet, j’ai eu plus de difficulté à lire depuis le mois d’avril. J’ai commencé plusieurs lectures, certaines jusqu’à la moitié, puis, je ne sais pas pourquoi en particulier, je décrochais de l’histoire. Parmi ceux que j’ai réussi à terminer, il y a Miss Laila armée jusqu’aux dents.
J’avais besoin de quelque chose qui me sortirait de ma bulle, je crois. Alors là, j’ai été complètement dépaysée par ce roman dont la sortie a été reportée en raison du confinement. J’avoue qu’en cette période de confinement ponctuée des points de presse à 13 heures chaque jour, ça m’a fait tellement de bien de me retrouver en Inde.
D’une part, il y a Akhila, étudiante en médecine, mais aussi blogueuse. Pour sa plateforme, elle questionne les héros de la gauche dans des capsules qui sont en fait des canulars pour démontrer à quels points ceux-ci sont inadéquats dans leurs postes. Lorsqu’interviewés, ils ne savent pas à quoi s’attendre, car elle a filmé toutes les capsules avant de les mettre en ligne, l’un après l’autre. Ils s’en prennent donc plein la gueule sans l’avoir vu venir.
Un matin où il y a eu une explosion dans un complexe à appartement près de chez elle, elle se retrouve à ramper sous les décombres pour installer des perfusions pour que l’homme puisse rester en vie jusqu’à ce qu’on puisse le sortir de là. Cet homme, lors de l’un de ses passages, lui révélera qu’un homme du nom de Jamal allait commettre un attentat. Elle relaye cette information aux policiers, qui la somment d’obtenir des informations plus précises.
D’autre part, il y a Laila, la fille aînée d’une famille de musulmans qui doit subvenir aux besoins de sa famille depuis la mort de leur père. Un matin, elle part à bord d’une voiture avec son ami Jamal. Dès lors se déclenche un chassé-croisé entre les deux histoires pour mener à une fin que je n’attendais pas.
C’était la première fois que je lisais Manu Joseph, écrivain indien ayant gagné des prix pour ses autres romans. Je suis entrée dans une histoire aux débuts complexes. En fait, la mise en situation a demandé mon attention, notamment en raison de ma difficulté de concentration, mais également comme ça m’arrive parfois quand je lis des livres avec des noms et prénoms avec lesquels je ne suis pas familière. Après cette étape, je suis rentrée à plein dans ce récit raconté avec un humour acerbe et plein de lucidité.
Véritable critique sociale de pouvoir en Inde — parce que Joseph ne se gêne pas pour critiquer le pouvoir en place en Indeà travers ses personnages, le bouquin nous plonge dans un univers que l’on connaît peu, à moins d’être un amateur du pays. On y parle de castes, d’inégalités sociales, de racisme, de stratégies policières douteuses, et j’en passe.
Ce roman se lit comme un suspense. Tout au long du récit, il y a toujours un mystère qui plane, pas écrasant comme une chape de plomb, mais comme un voile constitué de parties opaques et d’autres, plus diaphanes. Joseph tisse serré les fils d’une toile dans laquelle on finit par rester prisonnier, pour nous libérer à la fin ni plus ni moins époustouflés.
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