Brown girls / Les filles comme nous

English review will follow


Je vous disais dans la chronique de The Other Black Girl que la prochaine partagerait des points communs avec elle. Hormis les titres semblables, bien sûr. En raison des similarités j’ai choisi de les publier l’une après l’autre, même si je n’ai pas lu les deux livres consécutivement (il s’est écoulé plus d’un mois entre les deux).

 

Brown Girls/Les filles comme nous contient environ 200 pages, mais ça m’a pris un peu plus de temps à lire qu’un bouquin de même volume, parce que je n’arrêtais pas d’inscrire des annotations. Je dois mentionner qu’on est devant un style peu ordinaire. Narré à la première personne du pluriel c’est un roman polyphonique, un « nous », une réelle chorale. Ce sont les voix de toutes les filles qui ne sont pas caucasiennes (d’origine sud-américaine, asiatique, antillaise, etc.). Il ne s’agit pas ici d’un récit d’apprentissage dans le sens de passage à l’âge adulte, mais plutôt de la vie, du début à la fin. 

 

Écrit parfois tel une conversation de filles ou comme des vignettes de ce qu’elles, ben que nous vivons (je peux le dire, hein, j’en fais partie), Brown Girls/Les filles comme nous explore les multiples défis qui peuvent se présenter. Pour celles, ici dans le roman, qui restent dans Queens et suivent les traces de leurs parents, pour celles qui partent pour l’université. Notamment, les différences socio-économiques entre celles qui étudient et leurs collègues caucasiens. La conciliation entre la réalité de la société américaine et celle des parents attachés aux valeurs de leur pays d’origine, les amis caucasiens et leurs parents qui leur demandent de se positionner sur les causes de la pauvreté et autres enjeux sociaux, l’insinuation que leurs parents sont des immigrants illégaux, le sentiment clair d’être des étrangères partout. 

 

D’ailleurs, le roman traite particulièrement la crise identitaire vécue par les femmes brunes lorsqu’elles vont à l’université. Écartelées entre les attentes des blancs et celles des bruns. Elles sont toujours en train d’interpréter un rôle, celui de la bonne petite fille irréprochable. Elles s’efforcent de ne pas tomber dans les stéréotypes, pour ne pas leur donner raison. C’est seulement tandis qu’elles sont entre elles que les filles brunes peuvent respirer. Être elles-mêmes. Ce que j’entends dans tout ça : elles essaient d’être acceptées, d’avoir un sentiment d’appartenance, de savoir qui elles sont réellement et de trouver comment s’assumer, même si ça dérange. 

 

Un récit vif, imagé, emplit d’humour qui n’a rien de l’apitoiement, mais il a tout de la prise de pouvoir, de la démarginalisation. C’est une célébration, un hymne à la force de toutes les filles brunes. 

 

 

 

« Brown girls brown girls brown girls who, in their bones, are beginning to understand that they are the sum of many identities, many stories, at once. The colonized, the colonizers. Where do we fall? » p. 132

 

Un roman qui fait du bien aux Brown Girls, particulièrement celles qui n’appartiennent pas à une communauté et qui sont presque seules dans leur entourage. J’ai grandi dans un village où l’on était que six personnes brunes. Je n’ai donc pas vécu dans ce phénomène de « communauté noire ». Et je me retrouve quand même dans ces réalités. Cela dit, le bouquin rejoindra plus que juste les filles de toutes les déclinaisons de brun. Déjà, tous ceux qui sont hors du cadre cisgenre, hétéronormatif et patriarcal, tous ceux qui sont différents. Et à tous les autres, car le besoin d’appartenance est universel.

 

Cependant, j’avoue les 50 dernières pages ont moins retenu mon attention. Peut-être en partie parce que ça touchait un âge où je ne suis pas rendue ou que j’avais atteint une limite de ma capacité à apprécier le style d’écriture (la narration à la première personne du pluriel). Je ne sais pas trop. 

 

Aussi, on est encore devant un cas où je trouve que le choix de titre n’a pas été le meilleur. Celui de la traduction française n’est pas aussi rassembleur que celui en anglais. 

 

Somme toute, une lecture qui est emballante pour son sujet et grâce à son ton enjoué. La façon dont l’autrice le traite est stimulante et valorisante.






In my The Other Black Girl, I told you that the next book I’d talk about would share some common topics. Apart from similar titles, of course. Because of those similarities, I chose to post them one after the other, even if I did not read the two books consecutively (more than a month passed between the two).

 

Brown Girls/Les filles comme nous has about 200 pages, but it took me a little longer to read than a book of the same volume, because I kept taking notes. I must should that the book has writing style that is out of the ordinary. Narrated in the first person plural, it is a polyphonic novel, a “we”, a real choir. These are the voices of all girls who are not Caucasian (South American, Asian, West Indian, African American, etc.). This is not a coming of age story, but rather one about learning about life, from beginning to end.

 

Sometimes written like a girls' conversation or like vignettes of what they, well, we're going through (I can say that, I'm one of them), Brown Girls/Les filles comme nous explores the multiple challenges and realities that that they can live. For those, here in the novel, who stay in Queens and follow in their parents' footsteps, for those who leave for college. In particular, the socio-economic differences between those who go to college and their Caucasian colleagues. The reconciliation between the reality of American society and that of parents attached to the values of their country of origin. How to deal with Caucasian friends and their families who ask them their point of view on the causes of poverty and other social issues. The insinuation that their parents are illegal immigrants. How they cope with the feeling of being strangers everywhere.

 

Moreover, the novel deals particularly with the identity crisis experienced by brown girls women when they go to college. Torn between the expectations of white people and those of brown people. They are always interpreting a role, that of the good little girl beyond reproach. They strive not to fall into stereotypes, so as not to prove them right. It is only when they are with other college brown girls that they can exhale. Be themselves. What I take away in all of this: they try to be accepted, to have a sense of belonging, to know who they really are and to figure out how to own who they are, even if it is inconvenient.

 


“Brown girls brown girls brown girls who, in their bones, are beginning to understand that they are the sum of many identities, many stories, at once. The colonized, the colonizers. Where do we fall? » pg. 132

  


It’s a feel-good read for Brown Girls, especially those who are not part of a community and who live in a predominantly white environment. I grew up in a small city where we were only six brown people. So I did not live in this phenomenon of “black community”. And I still can identify in these stories. That being said, the book will appeal to more than just girls of all shades of brown. Everyone who is outside the cisgender, heteronormative and patriarchal framework, everyone who is different can find something that will resonate with them. And it can speak to everyone else, because the need for belonging is universal.

 

Now, I must admit the my interest was la little bit lessened in the last 50 pages. Maybe in part because it was about the brown girls as grandmothers (and I’m not there yet ;-)) or that I had reached a limit in my ability to appreciate the style of writing (the narration in the first person plural). I do not know.

 

Never the less, Brown Girls is a lively, colorful fiction, filled with humor. The tone has nothing to do with self-pity. It’s empowering. It's a celebration, a hymn to the strength of all Brown Girls.



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