Claudia travaille dans une clinique de santé des femmes, qui pratique notamment des avortements. Elle a grandi avec sa mère, qui arrondissait les fins de mois en étant une famille d’accueil. Cependant, elle ne s’occupait pas des enfants et Claudia devait le faire, dès l’adolescence. Prendre soin des autres semble s’être imposé dans sa vie. Toutefois, ces responsabilités, de même que la menace quotidienne sur les cliniques qui effectuent des avortements, finissent par générer pas mal de stress. Pour essayer de l’endiguer, Claudia consomme du pot. Timmy est son fournisseur, chez qui elle débarque à toute heure du jour ou de la nuit, sans crier gare. Parmi les clients de Tommy, il y a Anthony, un jeune homme timide, dévot, qui a subi un traumatisme crânien et qui ne travaille pas. Il administre un site Internet et prend des photos de femmes qui vont à la clinique sur Mercy Street pour le compte de Victor, un gourou anti-choix qui les publie sur le web. L’opinion de ce dernier sur l’avortement n’a rien à voir avec la religion. Je vous laisse découvrir ses motivations. Il ne faut pas s’attendre à un récit qui tourne autour du fonctionnement quotidien d’un centre qui pratique des interruptions volontaires de grossesse. Ce n’est pas non plus un roman de propagande (que ce soit pro-choix ou anti-choix). D’ailleurs, le bouquin a été écrit en 2015, bien avant que la Cour Suprême invalide Row v Wade et que certains États déclarent l’avortement illégal. Jennifer Haigh nous propose une histoire centrée sur les personnages. Elle y en déploie une galerie qu’elle laisse se développer devant nos yeux. Ils s’entrecroisent dans un ballet bien réglé. Elle creuse la psychologie et les motivations des personnages, ce qui fait en sorte qu’on se prend d’empathie pour eux. Sans nécessairement dire qu’on en ressent pour Victor, on peut toutefois dire que l’on comprend un peu ce qui l’a amené à être ainsi. Tout en n’étant absolument pas d’accord avec ses opinions, ses choix, ses actes odieux. L’autrice met en lumière les impacts d’une enfance. De ce qu’on y vit. De la manière dont on y réagit. De leur influence sur qui nous sommes, sur nos valeurs, sur nos actions. En plus de cela, Haigh se débrouille pour nous créer un petit suspense vers la fin du bouquin.
Mercy Street sonde la profondeur et la complexité humaine et porte à réflexion. L’écriture est tout en nuance et tout en subtilité où le dosage entre le sérieux et les zestes d’humour est impeccable. C’est un roman social qui nous rappelle qu’il est primordial de ne pas tenir pour acquis le droit à l’avortement. Il est toujours menacé, où que l’on soit. Le jugement de l’an dernier de la Cour Suprême américaine nous le démontre clairement.
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English review
Claudia works in a women's health clinic, which performs abortions, among other things. She grew up with her mother, who made ends meet by being a foster family. However, she did not take care of the children and Claudia had to do so, as a teenager. Taking care of others seems to have imposed itself in her life. However, these responsibilities, along with the daily threat to clinics that perform abortions, end up creating quite a bit of stress. To try to stem it, Claudia smokes pot. She knocks at his door, day or night, without any warning. Among Tommy's clients is Anthony, a shy, devout young man who has suffered a brain injury and does not work. He administers a website and takes photos of women who go to the clinic on Mercy Street on behalf of Victor, an anti-abortion guru who publishes them on the web. His opinion on abortion has nothing to do with religion. I’ll let you discover his motivations in the book. ;-)
Don’t expect a story that revolves around the daily operation of a center that performs abortions. Nor is it a propaganda novel (whether pro-choice or anti-abortions). Moreover, the book was written in 2015, long before the Supreme Court invalidated Row v Wade and some states declared abortion illegal. Jennifer Haigh offers us character-driven story. She deploys an array of characters that she lets evolve before our eyes. They intertwine in a well-regulated ballet. She digs into the psychology and motivations of the characters, which makes you feel empathy for them. Without necessarily saying that we feel some for Victor, I can however say that we understand a little what led him to be like this, while not agreeing with his opinions and choices. Never the less, the author highlights the impacts of a childhood, what one goes through, how one reacts to it. It all influences on we are, our values, our choices, our actions. On top of that, Haigh manages to create a little suspense for us towards the end of the book.
Mercy Street is thought-provoking as it probes human depth and complexity. The writing is all in nuance and all in subtlety where the balance between seriousness and zests of humor is impeccable. It is a social novel that reminds us that it is essential not to take the right to abortion for granted. It is always threatened, wherever you are. Last year's judgment of the US Supreme Court clearly demonstrates this.
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