La petite-fille, de Bernhard Schlink

 

J’attendais ce roman impatiemment, sans trop avoir d’attentes quant à son histoire. Grand aveu, je n’ai pas lu Le liseur, son précédent roman ( j’ai par contre vu le film comme plusieurs d’entre nous ), je ne connaissais pas son style d’écriture, or donc, j’ai plongé dans le bouquin un peu les yeux fermés. 

 

Un soir en rentrant de sa librairie, Kaspar trouve Birgit, sa femme, décédée dans la baignoire. Inconsolable, il décide tout de même de ranger la paperasse dans le bureau de la défunte et découvre que celle-ci accouché et donné son enfant en adoption juste avant de quitter l’Allemagne de l’Est pour le rejoindre à l’Ouest. Dans un manuscrit où elle en parle, elle mentionne qu’elle veut trouver sa fille, sans toutefois arriver à trouver le courage de le faire. Désireux de compléter ce dernier souhait de Birgit, Kaspar se met à la recherche de l’enfant. Après quelques démarches, il localise Svenja. Elle est mariée à un ancien néo-nazi. Avec leur fille de 14 ans, Sigrun, ils adhèrent à la philosophie völkische, un courant de pensée nationaliste autonomiste allemand, qui a grandement inspiré le nazisme.

 

L’homme de 71 ans se prend instantanément d’affection pour Sigrun. Sa vie prend un autre sens et il se lance corps et âmes dans son «sauvetage». La jeune-fille semble désespérée d’avoir une famille élargit et qui au départ embrasse ce grand-père avec avidité. Bien sûr leur relation ne sera pas de tout repos. Les élans de l’un pousseront l’autre dans ses retranchements tour à tour. Reste leur désir de relation qui les ramène.

 

Grâce à la finesse de l’écriture de l’auteur, les personnages de Kaspar et Sigrun sont attendrissants. La bonté, l’amour, et le désir de Kaspar d’ouvrir les horizons à cette «petite-fille» sont émouvants. On discerne la résistance puis éventuellement le déchirement de Sigrun, qui veut ce grand-père, mais qui est confrontée ses valeurs diamétralement opposées.

 

Au-delà des idéologies qui se confrontent, on comprend la nécessité d’ouverture, d’empathie, de tolérance. À l’instar de Le silence, de Dennis Lehane, La petite fille est un roman sur la transmission. De la haine, mais surtout, de la tolérance. 

 

Schlink brosse habilement le tableau d’une Allemagne qui, bien que réunifiée il y a plus de 30 ans, demeure encore divisée. Ce voile levé nous permet de constater que les vestiges des années troubles sont palpables. Un roman éloquent.


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