Le compte est bon, de Louis-Daniel Godin

Le compte est bon, de Louis-Daniel Godin, illustre bien pourquoi j’abandonne rarement un livre. Parce que parfois il y a des éléments qui nous dérangent, mais quand on arrive à la fin, tout se met en place et on finit par apprécier la lecture malgré quelques irritants. 

 

C’est que le roman de Godin est un exercice de style pur et dur. Cela veut dire qu’il peut ne pas plaire. Entre autres en raison de la quantité importante de répétitions, des phrases presque scandées, d’une narration qui alterne du on/nous au je, des chiffres pour dénombrer les chapitres qui sont intrigants. Je dois avouer que j’ai sauté des lignes, quand je trouvais qu’il y avait trop de redites à mon goût. 

 

Louis-Daniel (vous comprendrez qu’il est ici question d’un roman autofictionnel) est obsédé par les écarts (que s’est-il passé durant les cinq jours entre sa naissance et son arrivée dans la famille), les coïncidences, la dette. Il cherche à cerner qui il est, de qui il « retient » et s’il s’est acquitté de cette dette envers ses parents adoptifs. Ainsi, il fait le tour de son enfance, de sa vie, pour savoir si le compte est bon

 

Ce faisant, il soulève des questionnements pertinents, notamment sur les souvenirs. Ce dont on se rappelle s’est-il réellement passé tel quel ou est-ce une construction de notre cerveau ? Comment peut-on faire confiance à nos réminiscences ? Sont-elles celles de l’enfant ? Est-ce l’interprétation de l’adulte ? De l’écrivain ? La science démontre que le souvenir est modifié par la perception que l’individu a d’un événement au moment où il y pense à nouveau et que la fiabilité de la mémoire n’est pas parfaite. 

 

Ainsi donc, l’auteur détricote, détisse les liens entre tous les éléments afin d’être en mesure d’étudier chaque parcelle de fil pour en déterminer la nature. Sa nature. On la découvre avec lui, à travers les rires et les larmes.

 

Un premier roman à la forme singulière, qui ne conviendra peut-être pas à tous, mais qui exprime une réalité commune aux adoptés et dont on ne parle pas si ouvertement. Une chose est sûre, Le compte est bon ne laissera personne indifférent.

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