Les détournements

J’avais adoré In between, le premier roman de l’autrice, paru en 2016. Elle en a publié d’autres depuis, mais je ne les avais pas lus. Je me reprends ici avec son « petit » dernier. Gros dernier, devrais-je dire, parce qu’il y a de la matière là-dedans. 

Dans Les détournements, œuvre autofictionnelle, Marie Demers met carrément ses tripes sur la table. Elle scrute ses relations familiales, amoureuses, professionnelles et tente d’y défaire les nœuds, de lier ce qui pourrait améliorer le flot, pour que ça coule enfin dans sa vie. Elle y expose les éléments toxiques et les tendances autodestructrices au grand jour. 

 

« Je choisissais peut-être la dépression pour la simple et bonne raison que je ne voulais ni vivre ni mourir. »




C’est brutal, c’est cru, c’est férocement honnête. Quelle introspection et quelle justesse de l’analyse ! Quelle lucidité quant à ses mécanismes ! Je n’ai pas eu le sentiment qu’elle écrivait ce livre pour se comprendre davantage. Je trouve qu’elle se cerne pas mal. Plus que la moyenne d’entre nous. Mais connaître ses modes de fonctionnement, ce n’est pas tout. On a beau savoir intellectuellement que le parent a fait de son mieux, ça ne guérit pas nos blessures, ça n’élimine ni nos attentes ni celles des autres, encore moins nos traumas. 

 

Je l’ai perçu comme un cri du cœur. Un « j’en peux plus de tout ça ! Comment est-ce que je m’en sors ? » Puis d’une certaine façon, j’ai l’impression qu’elle a un peu écrit ce livre pour mettre ça devant tout le monde, dire « voici ce qui m’habite ». Pour ne plus pouvoir se détourner de ses schémas relationnels. Pour y faire face et devoir faire quelque chose avec tout ça. Et quand on s’est dévoilé à tous, on a plus besoin de tout expliquer dans les détails à tout un chacun. C’est épuisant de le faire une personne à la fois. On met ça là et après on peut peut-être avancer plus vite, aller au cœur des choses. 

 

Bien que Les détournements soit un roman très intime et personnel, il nous donne à réfléchir sur nos propres relations et ce malgré, durant le dernier tiers, une impression que c’était moins universel et où je me sentais, je ne sais pas… un peu de trop…

 

Qu’est-ce qui viendra après cet exercice de dénuement total ? L’avenir lui dira. 

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