Panorama

En 2029, la France connaît une révolte citoyenne qui dura une semaine au cours de laquelle des individus se sont fait justice eux-mêmes et ont tué des criminels, mais qui n’ont pas été dénoncés ou ont été exonérés par la justice. 

 

Pour garantir la sécurité de la population, la France a instauré le régime de la Transparence citoyenne. Ainsi donc, les maisons de nombreux quartiers sont d’espèces de vivariums. En effet, elles sont entièrement faites de verre. Bien sûr, il y a des dispositifs de givrage pour les salles de bains où une zone cache le milieu du corps et des lits sarcophages qu’on actionne avec deux boutons pour s’assurer que les deux partenaires sont consentants. Hormis ces deux exceptions, tout le monde peut voir les agissements de ses voisins dans son intimité en tout le temps, s’il le désire. 

 

Or, le 17 novembre 2049, un couple et son jeune fils disparaissent. Panorama nous transporte en 2050, alors qu’Hélène, gardienne de la protection (parce qu’il n’y a plus de policiers à proprement parler) est chargée de l’enquête. Dans une société où l’on vit sous le regard de tous, où donc l’intimité n’existe pratiquement pas, où l’on ne peut cacher quoi que ce soit à ses voisins, où chaque citoyen est responsable de faire respecter les lois, comment trois personnes peuvent-elles se volatiliser à l’insu de tous ? C’est avec grande curiosité que l’on suit l’enquête d’Hélène.

 

Je n’ai fait qu’une bouchée de ce bouquin ! D’une part, c’est un bon divertissement et d’autre part, il suscite la réflexion sur les concepts de justice, de vie privée, de liberté, d’influence et de libre arbitre et brièvement de consentement sexuel. Panorama, c’est une dystopie, sans l’évidence du côté sombre. Ici, d’une certaine manière, c’est lumineux… trop… peut-être.

 

L’autrice propose un questionnement sur le système de justice. Que doit faire une société pour protéger ses membres alors que même si plusieurs criminels ne sont pas tous reconnus coupables et continueront leurs méfaits ? Jusqu’où peut-elle aller pour prémunir les individus qui la forment des dangers ?

 

Quand on souhaite protéger, on court le risque de créer d’autres problèmes, ainsi, La Transparence a généré de nouvelles formes de harcèlement, de violence. Car elle est encore là, mais pas physique. L’intention de base est noble, mais en fait, le régime ne règle pas tout. 

 

Les citoyens qui n’ont pas les moyens ou ne veulent pas habiter dans les quartiers transparents résident dans des secteurs comme les Grillons, qui sont un peu des sites hors de toute loi et qui ne sont pas vraiment sécuritaires. Ainsi donc, si elle a peut-être réduit le taux global de criminalité, la Transparence l’a déplacée et a créé deux classes de citoyens : ceux qui vivent dans les quartiers transparents et où le crime est moins présent et ceux qui demeurent dans des secteurs « opaques ». Ce qui génère encore des injustices.

 

Lilia Hassaine prend le principe des réseaux sociaux où l’on est invité à exposer nos vies et l’applique à ici à un régime politique qui vise à enrayer la violence. La pression qui vient avec le fait d’être constamment observé influence les comportements. Et dans un tel contexte, qu’en est-il réellement de la liberté et du libre arbitre ?

  

Bien que la fin m’ait semblé précipitée, que son dévoilement aurait pu être plus élaboré, le roman est un bon mélange de réflexion et de suspense. 

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