J'ai un nom, de Chanel Miller

Le 18 janvier 2015, Chanel Miller se réveille à l’hôpital. Elle ne sait pas ce qu’elle fait là. Elle apprend qu’elle a été violée lors d’un party d’une fraternité sur le campus de l’université de Stanford la veille. Son agresseur présumé est un nageur promis à un brillant avenir. Bien sûr, il prétendra qu’elle était consentante. Après un éprouvant processus juridique, il est condamné à six mois de prison. Au moment du verdict, Chanel Miller, sous le pseudonyme Emily Doe, lira une déclaration si poignante qui deviendra virale et aura des conséquences sur la loi californienne.  

Chanel Miller a une écriture percutante avec laquelle elle décrit les répercussions dans des agressions sexuelles, dans les infimes détails. Les coûts financiers, relationnels, psychologiques. Scalpel à la main, elle décortique également les micro-agressions dont les femmes sont victimes au quotidien, dans la rue, au travail, etc. De même, son texte est une éloquente critique du système judiciaire américain qui, dans son état actuel, est un obstacle majeur à ce que les femmes portent plainte contre leur agresseur. D’ailleurs, elle souligne que l’on remet toujours en question le comportement des femmes (des survivantes) et non des agresseurs. Elle appuie ses arguments à l’aide d’exemples implacables pour illustrer les nombreux doubles standards. Son talent de vulgarisation rend son propos accessible et d’une clarté presque aveuglante.
 
Il y a bien quelques longueurs, notamment alors qu’elle nous parle de son quotidien en post-procès, mais ça permet de sentir à quel point le processus de reconstruction est lent et semé d’embûches. 
 
Un document très éloquent, fouillé, approfondi, complet. À mettre entre toutes les mains, sous tous les yeux et dans toutes les têtes.

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