La Justice des hommes, Santiago H. Amigorena
Parfois, les situations dérapent en un instant. Une fraction de seconde au cours de laquelle on prend une décision qui fera provoquera un tournant radical à notre vie. Aurélien et Alice, parents d’Elsa et Loup, traversent une période délicate. Un soir pluvieux, une crise qui changera tout éclatera.
Le silence, ici dans le sens d’absence de communication, est le point central du texte. La difficulté ou le refus de communiquer est un problème majeur dans toute relation. Quand une séparation se produit, cet enjeu est d’autant plus critique. Ses deux protagonistes se disent souvent qu’il faut qu’ils « penser à penser » ou « ne pas penser ». En fait, les deux sont paralysés et n’arrivent pas à réfléchir. Ils fuient leur réalité, leurs sentiments. Comment peuvent-ils se parler efficacement dans ce cas ? Le problème est tellement poussé que par moment on a juste envie de leur crier « mais parlez-vous ! Dites-vous les vraies choses ! » Même si on sait que ce n’est pas facile, parce que c’est émotif, parce qu’on est blessé, sur la défensive, en réaction, qu’on attaque, qu’on se tait, que tout devient… « dérouté ». À certains moments, on doit arrêter de penser à penser ou à ne pas penser et ressentir, puis agir.
Le style d’écriture de Santiago H. Amigorena, tout en rythme, parfois en saccades, souligne cette espèce de confusion, de sentiment d’être submergé, dépassé. Parce qu’il y a tant de non-dits, tout est vague. On évolue toujours dans la dualité et les dilemmes des personnages. C’est d’ailleurs un peu lourd par moment. Cela dit, bien qu’Aurélien ait pris une décision désastreuse, qu’il soit un gars très cérébral qui a du mal avec son monde affectif, on est touché par ce qu’il vit.
La justice des hommes, c’est émouvant, ça brasse, ça déchire, ça fait de la peine.
Le roman est finaliste du Prix des libraires du Québec 2024, dans la catégorie Roman hors Québec.
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