Pour Britney

Tout d’abord, je dois dire que j’aurais presque tout surligné de ce texte. Celui-ci traite du fait d’être une femme qui, dans les sociétés dans lesquelles nous vivons, est soumise au regard de la population, particulièrement des hommes. Et ce regard évalue trop souvent les femmes en regard à leur habillement ou comportement sous le prisme de la séduction. Cette séduction serait prétendument volontaire de la part de la femme qui sera déclarée coupable d’aguicher les hommes si elle décide de se vêtir de telle ou de telle façon. Bref, ça nous dit quelque chose, ce type de discours, non ?

 

Louise Chennevière dresse des parallèles entre son vécu et ceux des deux femmes qu’elle admire, soit Britney Spears et Nelly Arcand. L’objectivation du corps, les troubles de santé mentale, la profonde solitude sont autant de points communs entre la chanteuse et l’autrice (Arcand). Dans la même phrase, Chennièvre saute d’Arcand à Spears, tant de liens les unissant. Tant ce qu’on leur a assujetti (et que l’on continue de faire endurer à Spears) est similaire. 

 

À travers le texte l’autrice dénonce que le fait d’être une femme connue du public en ferait des « femmes publiques ». Que la culture permette aux gens, plus particulièrement aux hommes, de s’arroger du pouvoir sur leur corps, leur image, leur personne. C’est aussi choquant de constater que plus une femme tente de garder son pouvoir sur l’entièreté de qui elle est, plus elle paie le prix fort. Notamment par l’aliénation. Dans le cas de Nelly Arcand, ça a mené à son suicide. Dans celui de Britney Spears, on a dit qu’elle était folle et on l’a mise sous la tutelle d’un homme, son père, qui en a tiré parti à son avantage.

 

Pour Britney aborde également la socialisation sexiste à laquelle nous avons tous.tes été soumis.es puis de l’hypersexualisation des filles. Louise Chennevière attire notre attention sur le fait que quand on devient une jeune fille on se rend compte que notre corps, nos mouvements, notre habillement sont sujets à être interprétés sous l’angle de la séduction, lire la sexualité. À ce sujet, elle émet cette hypothèse : « … c’est peut-être ça ne plus être une petite fille. »

 

C’est un texte au style un peu syncopé avec de longues phrases et une ponctuation atypique, qui rappelle celui de Nelly Arcand qui nous donne au départ l’impression d’être à bout de souffle. En fait, j’ai reçu le texte comme un cri du cœur, un appel à se mobiliser pour faire dérailler le train patriarcal qui nous envoie toutes à la même place. L’autrice transmet la violence de l’influence du regard masculin sur les personnes féminines. 

 

À la lecture, des questions se posent. Comment se libérer collectivement de la vision qu’une femme est un objet ? De la perception qu’une femme est soit objet de désir ou soit invisible ?

 

Bien qu’il y ait des constats sombres, il y a aussi des lueurs d’espoir. Si la forme, déstabilisante, peut ne pas plaire à tous, le fond nous concerne toutes et tous. Un texte important et pas mal universel, porté par une voix forte. 

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