«Ça dure quelques minutes pour l’homme et une vie entière pour la femme »

Respect. Un mot comme titre. Comme concept central. Car si on ne respecte pas l’enfant, si on ne lui montre pas à se respecter, comment veut-on que l’adulte qu’il sera se respecte ? À maturité, développer le respect de soi est plus compliqué. Et lorsqu’il n’est pas acquis mène à une impossibilité de refuser. 

D’une écriture parfois imagée, le verbe tranchant raconte les agressions sexuelles vécues de son enfance jusque loin dans l'âge adulte. Elle dénonce la culture du viol dans le milieu artistique, cinématographique particulièrement en nommant Bertrand Blier, son ancien conjoint, et Depardieu. 

 

Au fil de son témoignage, Anouk Grinberg illustre d’une manière éblouissante de justesse le type de terreau, les divers rouages ainsi que les multiples conséquences des agressions sexuelles sur les enfants. 

 

L’autrice interpelle les hommes pour faire cesser les agressions. Sans eux, c’est impossible. Les mots sont implacables, le constat indiscutable. 

 

« On sait aujourd’hui que les femmes violentées s’anesthésient pour survivre, et retournent ensuite aveuglément à la violence pour retrouver ce calme premier, cette espèce d’absence à elles-mêmes qui les a “protégées”. C’est ingénieux ce mécanisme, mais combien terrible puisqu’il augure une longue suite de prédation que les ignorants appellent consentement. 

Derrière l’histoire d’une femme qui consent à sa propre destruction, il y a souvent l’histoire d’une enfant agressée et réduite au silence. L’impunité du crime provoque chez elle le sentiment d’une condamnation perpétuelle au mépris ; sans en avoir conscience, elle ira de négation d’elle-même en négation d’elle-même, se jetant dans la gueule des loups déguisés en bons hommes. Le besoin d’amour fertilise la violence. » Pages 49 et 50.

 

Je tiens à remercier Interforum Canada et Les éditions Julliard pour cette lecture qui ébranle tout en étant fondamentale.