Sa préférée, de Sarah Jollien-Fardel
Si tu aimes des romans intenses qui te bouleversent, j’ai une suggestion pour toi : Sa préférée,
de Sarah Jollien-Fardel. Il est tout petit, à peine 200 pages, mais il te laissera peu de répit, et ce de la première à la toute dernière page.
Un bouquin qui frappe. Un concentré d’émotions. Une écriture sans compromis.
Dès les premières lignes, on est plongé dans l’ambiance de cette maisonnée située dans un village du canton valaisien en Suisse. Jeanne y vit avec sa sœur aînée et ses parents. Le père de famille est un homme d’une grande violence qui fait régner la terreur autour de lui.
« Parfois, ma mère tombait devant moi, lovée en boule sur le sol. Ses yeux criaient la peur, ses yeux criaient “Pars”, je détalais sous mon lit. Regarder, observer. Jauger. Rester ou courir. Mais jamais, jamais boucher mes oreilles. Ma sœur, elle, plaquait ses mains sur les siennes. Moi, je voulais entendre. Déceler un bruit qui indiquerait que, cette fois, c’était plus grave. » p. 13
À 16 ans, elle a l’opportunité d’aller au lycée en ville. Elle quitte le village pour échapper à la violence, à la médiocrité. Elle souhaite de tout cœur trouver la guérison à des lieues de ceux qui la connaissent. De tous ceux qui sont au courant des sévices vécus par les trois femmes, mais qui se taisent. Elle essaie de créer de la distance avec le territoire où elle a tant souffert. L’éloignement n’étant pas suffisant, lorsque vient le moment d’aller à l’université, elle part encore plus loin, à Lausanne. Sa fuite du Valais sauvera-t-elle sa peau ? Trouvera-t-elle la paix Lausanne ?
De toutes ces années de sévices, elle garde des stigmates. Elle se sent en danger tout le temps, partout. Même en mangeant ou en dormant. La menace ne la lâche pas. Ainsi, elle ne se croit pas apte au plaisir. Par contre, elle y ressent un apaisement dans l’eau. À force de longueurs dans l’eau froide du Lac Léman, elle tente de se laver des cicatrices qui lui collent à la peau. Cependant, quoi que l’on fasse, les origines, le passé restent là. On peut le tenir éloigné un certain temps, mais ils sont toujours là quelque part et peuvent surgir inopinément. Qui plus est, quand des drames ne cessent d’arriver.
La peur éprouvée par Jeanne, celle qui se vit dans le corps, est rendue de façon admirable. On a l’impression de la ressentir. On est témoins de ses tentatives pour créer des liens et changer le cours de sa vie. Pour se définir autrement que par le trauma.
Une écriture puissante frappe fort de la première à la dernière page.
Note : le prix est un peu prohibitif, c’est-à-dire 39,99 $ (pour 200 pages). Je sais que dans la littérature, la valeur n’a rien à voir avec le nombre de pages. Je ne veux surtout pas sous-entendre ça. Mais je préfère vous le souligner. Les probabilités que vous le relisiez sont plutôt faibles, donc si vous essayez de gérer votre budget bouquin (ne le tentons-nous tous pas tous.tes ?), peut-être que vous pourriez l’emprunter à la bibliothèque ?
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