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À la table des loups

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À la table des loups  explore soixante ans de la vie de la famille Larkin, marquée par la maladie mentale, la violence et une atmosphère de noirceur persistante.  Ce roman déroute par sa structure et ses thèmes, s’éloignant du simple suspense pour offrir une saga familiale teintée d’autofiction.    Le récit s’articule autour de Myra, l’aînée de la fratrie, et intègre des éléments autofictionnels ainsi que des dates marquantes de l’histoire américaine, ajoutant une touche singulière à l’histoire.   Les dynamiques familiales sont complexes, chaque membre de la fratrie portant un fardeau émotionnel unique.  Certains traumatismes changent le cours de l’existence, et plusieurs membres de la famille en ont fait l’expérience.  Chaque frère et sœur, ainsi que leurs enfants, semble porter un fardeau invisible, rendant leurs histoires à la fois fascinante et déstabilisante.   La psychologie des personnages est d’une profondeur saisissante. Bien que des meur...

Ils appelent ça l'amour

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«  Parce qu'elle a laissé ses amies organiser leur escapade durant ce week-end de trois jours, Clotilde se retrouve dans une ville qu'elle avait rayée de la carte. Ici, il y a vingt ans, elle a vécu avec Monsieur, un homme qui fit d'elle sa Madame sous prétexte de lui faire du bien. C'est ainsi que Clotilde se dépouilla d'elle-même, jusqu'à devenir un simple objet, mais un objet d'amour. -De son assujettissement d'alors, Clotilde a encore abihonte, et elle a beaucoup de mal à se découdre la bouche pour reconnaître les faits. La preuve: ni Adélaïde, ni Judith, ni Bérangère, ni Hermeline ne connaissent cette histoire, et aucune ne se doute qu'à deux rues de leur location, dans son immense maison, habite toujours Monsieur: Clotilde se demande si libérer sa parole pourrait aider la honte à enfin changer de camp. «  Dans  Ils appellent ça l’amour , l’autrice nous livre un récit poignant à travers le personnage de Clotilde, dont l’évolution entre ses 30 ...

La nuit au cœur

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La nuit au cœur est un livre indéniablement touchant, immanquablement révoltant et éminemment nécessaire.  Ce qui le distingue des autres livres sur le sujet, c’est la volonté de l’auteure de retirer la honte et d’aller au-delà du statut de victime de violence ou de féminicide. Elle parle des femmes joyeuses qu’elles étaient avant la violence, en dehors des épisodes violents. Pour rappeler qu’elles étaient plus que des victimes de féminicide. Pour illustrer l’énorme tragédie de la violence faite aux femmes et des féminicides.    J’ai été outrée de voir à quel point la justice a fait défaut à ces femmes. Et, malheureusement, ce ne sont pas des cas isolés. Une modification des lois et une meilleure application sont cruciales pour sauver des vies.  Le seul endroit où mon avis diffère avec l’auteure, c’est quand elle affirme que « les explications psychologisantes » ne servent qu’à excuser les agresseurs. Or, je crois qu’elles peuvent servir à traiter...

James

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English below! Inspiré du roman de Mark Twain  Les aventures de Huckleberry Finn , Percival Everett reprend essentiellement la même histoire, mais il inverse la lunette. Ici, c’est Jim/James qui est le narrateur qu’on suit. Jim est le nom d’esclave, James est le prénom qu’il préfère employer.    Dans  James , les esclaves sont plus intelligents qu’on ne le pense. Ils parlent différemment entre eux et devant les blancs, qui s’attendent à un vocabulaire limité et une mauvaise prononciation pour répondre aux attentes de la société. En réalité, ils utilisent le  code switching  pour se protéger, adaptant leur langage à leur audience. Les blancs croient que les esclaves sont moins intelligents, mais ceux-ci savent qu’il vaut mieux ne pas blesser leur ego. Jim/James, le personnage central, enseigne aux enfants des esclaves à se comporter avec soumission et discrétion face aux blancs.   J’ai beaucoup aimé le roman, mais je n’ai pas été transportée. Plusieurs ...

Là où on enterre les bêtes

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 « À   Tipton , «  la fi lle   du pendu » est loin de faire l’unanimité.   Seule détective noire de ce coin   p erdu du Kansas, Dillon Dixon   a échoué à tous les tests de tir, mais sait depuis longtemps où   et comment placer le projectile pour mettre fin à son existence.   Pas d’homme dans sa vie, sinon un pianiste déchu maintenant   chauffeur de taxi. Pas d’ami, à part un collègue descendant   d’une lignée sudiste. Pour le reste, faute de mieux, il y a le   Hound , unique bar de la ville et dernier havre de sa vie sociale. Le jour où le jeune Troy Morris Jr débarque dans le bureau de   la détective en affirmant que son chien a tué sa mère, Dixon   croit d’abord à une fabulation… mais un cadavre, dit-on, ne   ment jamais. Encore moins deux, ou même trois. Confrontée à la découverte de nouveaux corps mutilés, la  détective s’engage alors dans une inquiétante enquête où chaque jour, hantée par ses démons, el...

Fragments d'Olivier : Une Histoire d'amour et d'addiction

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« — T’es comme ma drogue, Olivier. Pour moi, pour moi au complet, mon corps, ma tête, mes sentiments, t’es juste la meilleure sensation qui existe. C’est comme quand je t’ai demandé de me décrire ce que la coke faisait. T’avais pas vraiment de mots, juste les yeux qui s’agrandissent, presque l’air amoureux. C’est comme ça que je me sens quand ma sœur me demande ce que je peux ben câlisser à te garder dans ma vie. J’ai pas de mots, à part une mémoire trop parfaite pour me faire oublier ce que tu me fais ressentir. Pis je veux pas arrêter. En ce moment, je te considère comme ma consommation récréative, parce que ça ressemble à une histoire de sexe de temps en temps quand mon chum pis ta blonde sont pas là. On devrait pas, c’est malsain, toxique, mais on le fait pareil, parce que la modération, ça existe pas. Pas quand on est accro. Pas pour nous. On consomme en se faisant croire que c’est rien de grave. Mais chaque fois, c’est de pire en pire.» Il est difficile de discuter de ce roman sa...

Je n'ai personne à qui dire que j'ai peur

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Ce roman m’a captivé jusqu’à la fin. Il combine une enquête sur le meurtre de deux jumeaux avec l’introspection de Rachel, qui au cours de sa retraire d’écriture dans le bois explore son passé, ses blessures et son chemin vers la guérison de ses traumatismes. Rachel parviendra-t-elle à se reconstruire et à arrêter de s’autodétruire pendant cette retraite?    Ce texte est profondément intime car Véronique Marcotte puise dans ses propres expériences pour donner vie à Rachel, affichant une transparence remarquable. Aussi, elle s’inspire d’un crime récent et mondialement connu pour tisser un suspense psychologique prenant.   Sa capacité à fusionner le réel et la fiction, insufflant à son texte une authenticité palpable, est une de ses grandes forces. Son écriture est teintée d’une sincérité presque douloureuse, qui puise son essence dans des expériences personnelles. Cette dimension autofictionnelle enrichit l’œuvre, offrant une profondeur psychologique qui dépasse le simple ...