Fragments d'Olivier : Une Histoire d'amour et d'addiction

«— T’es comme ma drogue, Olivier. Pour moi, pour moi au complet, mon corps, ma tête, mes sentiments, t’es juste la meilleure sensation qui existe. C’est comme quand je t’ai demandé de me décrire ce que la coke faisait. T’avais pas vraiment de mots, juste les yeux qui s’agrandissent, presque l’air amoureux. C’est comme ça que je me sens quand ma sœur me demande ce que je peux ben câlisser à te garder dans ma vie. J’ai pas de mots, à part une mémoire trop parfaite pour me faire oublier ce que tu me fais ressentir. Pis je veux pas arrêter. En ce moment, je te considère comme ma consommation récréative, parce que ça ressemble à une histoire de sexe de temps en temps quand mon chum pis ta blonde sont pas là. On devrait pas, c’est malsain, toxique, mais on le fait pareil, parce que la modération, ça existe pas. Pas quand on est accro. Pas pour nous. On consomme en se faisant croire que c’est rien de grave. Mais chaque fois, c’est de pire en pire.»


Il est difficile de discuter de ce roman sans divulgâcher. Il est indéniable que c’est une histoire troublante, et ce, à plusieurs égards. 

 

Beaucoup affirment que ce roman est pleine de red flags et c’est vrai qu’on y parle de lien qui n’est pas saine. Mais t’sais, c’est de la fiction et non un guide de relations humaines. La vie n’est pas parfaite, et la fiction n’a pas besoin de l’être. Cette histoire permet de saisir ce que certains expérimentent, aidant ainsi à développer l’empathie et la compréhension du monde. Oui, certains trucs ne sont pas raccord avec mes valeurs. Ce qui m’a particulièrement créé un malaise, c’est l’absence de remords, et ce malgré ses justifications. 

 

Olivier est touchant. Comment ne pas vouloir le prendre dans ses bras ? Quelque part en lui, il y a toujours le petit garçon de huit ans dont la vie a été bouleversée. Il s’en tire avec une addiction aux narcotiques (débuté avec des antidouleurs prescrits pour sa santé), la peur que la maladie revienne, et la fuite comme mécanisme de défense. Quand la situation est trop intense, ses pensées trop noires, plutôt que de chercher à régler le problème, il quitte le pays pour « repartir à zéro. » Malheureusement, on ne peut pas, ce qu’on a vécu laisse toujours une trace en nous.

 

Sa relation avec ses parents ne semble pas au beau fixe, selon ce qu’on peut entrevoir. Cependant, l’œuvre aurait bénéficié de plus d’interactions entre eux, ce qui aurait enrichi notre compréhension de leur dynamique familiale. 

 

Camille, quant à elle, est dépeinte comme une jeune femme remarquablement forte, capable de poser des limites malgré son amour profond pour Étienne. Cette force, surtout à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, est étonnante. Par contre, quand Olivier revient dans les parages, elle ne peut résister à son appel. C’est paradoxal, oui. C’est surtout très humain. 

 

Quelques passages légèrement trop mélodramatiques à mon goût. Mais bon, moi, ce qui est full romance, je n’y arrive pas. Si tu aimes ça, good, tu vas être aux anges ! Aussi, les nombreuses répétitions du même schéma m’ont un peu ennuyé, cependant ça permet de bien saisir l’aspect addiction et le caractère malsain. 

 

« Tu m’as manqué, Camille »

« Toi aussi, comme toujours » 

 

Je me suis demandé pourquoi ce texte « passait », malgré son retour constant avec Olivier, même si elle sait qu’il recommencera toujours. Ça « passe » parce qu’il sous-entend le concept d’âmes sœurs, un rêve pour beaucoup, bien que ce n’est pas tout le temps beau. Cela rappelle à chaque lecteur.rice l’ex qu’on a  profondément aimé. De plus, Olivier est invariablement gentil et soutenant, puis sa dépendance a débuté avec des médicaments (ce qui la rend plus « acceptable »). Les deux se connaissent depuis l’enfance, et l’autrice démontre à maintes reprises le côté irrésistible, plus fort qu’eux, l’intensité de leurs sentiments.

 

Est-ce que je trouve que Marianne Brisebois normalise les comportements toxiques ? Je ne sais pas. J’estime qu’elle les expose. J’ai peur qu’on tombe dans le déni et la censure, la réécriture de la vie, si on refuse que ce type d’histoires soient racontées.  

 

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