Se perdre une boussole dans le cœur : un récit féministe fort émouvant!

On le sait ou on s’en rendra un jour compte, on ne connaît jamais totalement nos proches. Nos parents particulièrement, en raison du lien d’autorité, de la nécessité de donner un exemple, et autres considérations. Cette lecture nous enjoint à apprendre à les connaître davantage. De leur poser des questions, d’établir un dialogue pendant qu’il est encore temps. D’aller au-delà de la gêne que l’on peut éprouver. Car peu d’entre nous savent vraiment de quoi avait l’air la vie de nos parents avant notre arrivée. 

 

Afin d’apprivoiser la mort de sa mère, Julie Bosman tente d’apprivoiser la vie de celle-ci. La femme, si discrète et réservée, a caché une énigme dont personne n’a la même version ni les mêmes indices. À travers des souvenirs des amies de sa mère, de ses sœurs, et de textes d’auteur.ices, l’écrivaine essaie de constituer le casse-tête qu’est la vie de sa mère. Bien que de nombreux morceaux manquent, l’image qui se dessine en est une qui la stupéfie. Tout d’abord, sa mère était atteinte d’une maladie auto-immune, chose que ces enfants ne savaient pas. Mais ce n’est que le début, ce qu’elle découvrira la chamboulera. 

 

Tout au long du bouquin, on est aux côtés de Julie et on cherche à comprendre qui était sa mère. S’il est impossible que l’on soit aussi intrigué qu’elle (on n’a pas le même lien affectif, évidemment), on est tout de même accroché à chaque page. La transparence avec laquelle l’autrice livre sa quête et ses découvertes bouleversantes ne peut que nous toucher. 

 

Les nombreuses citations et références aux écrits d’autres écrivain.es permettent à Bosman de créer une distance alors qu’elle rédige le texte, d’appuyer son vécu et de même que d’en faire ressortir l’aspect universel. 

 

Au départ, je me demandais si j’allais entrer dans ce récit. L’accompagnement d’un parent en fin de vie est certes bouleversant et peut toucher tout le monde, cependant, je m’interrogeais en quoi l’histoire que j’avais entre les mains serait différente d’un autre témoignage, aussi émouvant soit-il. En fait, c’est beaucoup plus que cela. Du personnel à l’universel, de l’individuel au social, Se perdre une boussole sur le cœur s’ajoute au nombre grandissant de récits qui mettent en lumière la condition féminine passée et présente. Ces exercices démontrent autant le désir que la nécessité d’améliorer les vies des femmes tout en apprenant des erreurs du passé. 

 

À lire !

 

Merci à Leméac Éditeur pour le service de presse !

 

Petit commentaire personnel : Ça m’énerve cette vision qu’ont certaines personnes (ici, les amies de la mère), que quelqu’un doit « se battre pour survivre » ici pour les petits-enfants. Cette incapacité des gens d’accepter que quelqu’un qui souffre beaucoup veuille cesser les traitements ou demander l’aide médicale à mourir me consterne. S’il peut être normal d’avoir cette réflexion intérieure, je trouve ça égoïste de le verbaliser à la personne ou à ses proches et d’avoir cette attente. Ça revient à vouloir que la personne souffre pour qu’on n’ait pas de peine. 

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