Les bonnes personnes de Véronique Papineau

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Par Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique


Charlotte et Paul sont voisins de siège sur le vol Londres-Montréal. Il est violoncelliste dans un quatuor. Elle est (sans grand étonnement) professeure de littérature dans un Cégep. Il habite Québec, elle, Montréal. Elle est célibataire, lui marié et père. Qu’importe, ils entament une liaison et se voient lorsque la formation musicale de Paul joue en ville. Elle espère qu'il quitte sa femme, il n'en fait rien.

Quand tout se termine entre Charlotte et Paul, ce dernier tente de se réinvestir dans sa vie familiale et Charlotte commence à fréquenter un collègue de travail. Ce qu’elle éprouve pour Lecocq n’a rien à voir avec ce qu’elle ressentait pour Paul. On est loin des papillons dans le ventre. En effet, ils sont somme toute tièdes. Elle se dit que peut-être que c’est ça l’amour ou, à tout le moins, la relation confortable qui pourrait durer. Son nouveau copain est si épris d’elle, si présent qu’elle persiste, espérant croyant que ses sentiments se développeront. Malheureusement, l’empressement de Lecocq s’étiole rapidement. Les pressions de ses responsabilités au travail taxent ses ressources, il devient de moins en moins disponible et de plus en plus désagréable. Est-ce une mauvaise passe? La compréhension et l’oubli de soi de Charlotte en viendront-ils à bout? Paul et Charlotte arriveront-ils à trouver une vie confortable chacun de leur côté?

L’infidélité, la trahison, la rupture et la quête amoureuse ne sont certes pas des sujets nouveaux en littérature. Sans réinventer le genre, Véronique Papineau nous les présente de façon agréable, y allant des perspectives de chacun des protagonistes. Le fait que la narration est partagée entre la troisième personne et la première personne, selon qu’il s’agisse du point de vue de Charlotte ou de Paul. L’auteure a judicieusement choisi de relater le vécu de Paul au « je », ce qui fait que l’on s’attache plus à lui qu’on ne le ferait si l’histoire de cet homme adultère était rapporté à la troisième personne.

Le récit fait des aller-retour entre le présent et le passé, pour compléter le tableau. Cela a généralement un effet bénéfique, sauf qu’il arrive des moments où l’on a de la difficulté à se situer dans le temps.

Hormis cela, les personnages sont bien construits et crédibles. Charlotte est une éternelle insatisfaite. On soupçonne une peur de l’engagement sous-jacente à ses décisions amoureux, puisqu’elle s’entiche ordinairement d’hommes indisponibles. Pour ce qui est de Paul, il est au départ un peu mystérieux. On sent bien qu’il est torturé entre sa famille et son lien avec Charlotte, mais on ne sait pas pourquoi cette ambivalence est si profonde. Au fur et à mesure que l’on connaît son passé, on comprend mieux la nature de son déchirement et de ses choix. Quant à Lecocq, sa psychologie nous apparaît rapidement dans toute sa complexité.

Un roman qui, sans passer à l'histoire, offre un bon moment de lecture.


Les bonnes personnes
Véronique Papineau
Les Éditions du Boréal
Papier : 22,95 $ / 17 €
Numérique : 16,99 $

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