Car la nuit est longue : un premier roman bouleversant pour Sophie Bérubé

Kaï a subi un viol collectif. Lorsqu’elle rentre à la maison, Christophe apprend par sa belle-sœur, qui a reconduit Kaï à la maison, l’horrible nouvelle. Une évidence s’impose à lui, dans leurs vies, il y aura le temps d’avant et le temps d’après. Atterré, il se fait violence pour repousser son besoin de savoir, pour donner préséance aux besoins de son amour. Il se met donc à son service, disposé à faire tout ce dont sa belle aura besoin, pour elle, pour eux.

Avec beaucoup de tendresse, il lui raconte leur histoire d’amour comme s’il s’agissait de celle d’un autre couple. Pendant tout ce temps, on a accès à ses plus intimes pensées et sentiments.  En bonne poète, Sophie Bérubé a un remarquable pouvoir d’évocation. J’ai eu l’impression de vivre moi-même le désarroi, la frustration, la confusion et surtout l’amour de Christophe.

Lorsqu’il est question de viol, on pense bien sûr à la victime directe. Mais cet acte immonde fait également des victimes indirectes. Les conjoint-e-s, les enfants, les proches de la personne agressée. Avec Car la nuit est longue, Sophie Bérubé donne une voix aux hommes dont l’être aimé a été violé. Différemment, c’est indéniable, mais tout de même. Et je dis « homme », car il y a une nuance importante. Quand on a le même sexe que l’agresseur, cela a un impact particulier. Est-ce que Kaï perçoit Christophe comme un agresseur potentiel? Et lui, se perçoit-il ainsi? Comment doit-il agir pour ne pas la brusquer, pour ne pas être assimilé à ce rôle.

L’auteure a eu le bon jugement de ne pas décrire les actes commis par les agresseurs. Ce n’est pas un roman sur le viol, mais sur les conséquences de celui-ci. Sur la manière dont ce couple se bat pour se rejoindre à nouveau, pour ne pas se perdre. Sur ces premiers moments suivant le drame. Des instants cruciaux. Tout au long du récit, tel un équilibriste, on marche sur un fil de fer.

L’amour, même le plus profond, peut-il vaincre les blessures engendrées par la haine?
  
Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique

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