Une passion qui brûle à des mille à la ronde!

Lorsque David la largue, Alycia vit une peine d’amour. Mais pas une peine d’amour comme on pourrait s’y attendre. La jeune femme est littéralement en mal d’amour. On constate à quel point au fur et à mesure qu’on la lit, particulièrement lorsqu’on apprend que la rupture a lieu après un mois de fréquentations.

David reste muet à ses centaines de messages, ce qui ne fait que gonfler l’obsession d’Alycia. Pour l’appâter, feignant l’indifférence, elle lui annonce qu’elle va habiter très loin. Déménagée à Saint-Adèle dans un vieux chalet, elle se trouve un emploi à temps partiel comme serveuse dans un restaurant. Il lui faut garder du temps pour travailler sur son manuscrit. Car elle est écrivaine. Une brillante écrivaine! Elle n’a pas encore publié, mais elle sait déjà qu’elle sera célèbre.

À la suite de son déménagement, ses amies de Montréal, Laurence et Juliette, la contactent de moins en moins. En fait, elles en ont eu marre de ses comportements inappropriés et la mettent de côté. Il faut dire que selon Alycia, elles sont devenues connes, l’une quand elle s’est trouvé un chum, et l’autre quand elle a eu un enfant, dont Alycia est la marraine… vraiment indigne. Ce n’est pas elle qui a un problème, ce sont les autres. Toujours les autres.

Elle devient amie avec Titi, une autre serveuse, mais n’arrive pas à se rapprocher de la barmaid. Elle s’acclimate bien à son nouvel environnement et Titi l’aide beaucoup dans son processus pour sortir de sa déprime. David l’obsède toujours autant, cependant. Après mûres réflexions, elle arrive à la conclusion que David l’a quitté parce qu’il n’accepte pas l’amour. Elle est convaincue qu’elle doit le rassurer pour qu’il accepte de revenir avec elle. Comment faire? Là est la question!

Ainsi on s’immerge dans les aventures rocambolesques de la jeune femme prête à n’importe quoi pour être aimée et que chaque abandon la laisse dans un piètre état, dont l’intensité grandit à chaque rejet.

Après un énième abandon, elle fait à une crise de panique et se retrouve à l’hôpital, à l’aile psychiatrique. Ce n’est pas pour autant qu’elle cessera de nier son état. Ce n’est pas qu’elle a une personnalité dépendante (je ne parle même pas de trouble de personnalité borderline) ou, comme le suggère une de ses amies, qu’elle est bipolaire. C’est qu’elle est trop intelligente pour les gens qui l’entourent, ce qui les dérange. Ils sont jaloux, tout simplement. Ce n'est pas facile de voir la part de responsabilité qu'on peut avoir dans notre malheur.

Pour être en feu, Alycia l’est… consumée par les feux de la passion. Et ces feux ne brûlent pas qu’elle, mais tous ceux qui ont le malheur de faire sa rencontre. Avec sarcasme et humour, Claudia Goyette raconte l’histoire d’une femme à l'imagination débridée, au fonctionnement intellectuel et psychologique à la limite du trouble de personnalité borderline. Le récit est très réaliste même si on pourrait être tenté de croire que le personnage d'Alycia est caricatural. Malheureusement, de telles dynamiques sont plus fréquentes qu'on le pense.

L’écriture vive rend le récit agréable. Mon seul espoir déçu est que le roman ne mène pas à une réelle réflexion. On n’est pas au niveau de l’anecdotique, mais on reste à celui du constat. À part l’isolement dans lequel ça la plonge, on ne voit pas les autres conséquences de ses difficultés. On voit qu’elle ne s’en sort pas, mais on n’aborde pas trop les raisons de son état, si ce n’est pour dire que c’est son père qui lui a appris à jouer aux échecs et que les échecs mènent à trop penser et établir des stratégies.


Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique

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