Les corps extraterrestres : un espace hors du temps.

On est plongé dans univers étrange, où la planète est complètement déréglée. Les températures à Montréal ou quel que soit l’endroit où se trouve Hollywood, sont notamment rarement sous 30 degrés. Un été éternel se prolonge dans la ville depuis plus de dix mois. À Toronto, en Angleterre, bref partout où se trouve Xavier, c’est le froid et les tempêtes de neige qui règnent. Puis, partout, il y a des pluies d’étoiles filantes.

On flotte d’un endroit à un autre, d’un état à un autre au gré de l’écriture de Pierre-Luc Landry. Une écriture simple qui raconte d’une manière bien singulière le thème de la crise existentielle. En effet, Hollywood, gardien de cimetière, et Xavier, représentant d’une compagnie pharmaceutique sont en proie à de profondes remises en question.

Puis il y a cette étrange intervention chirurgicale qu’Hollywood a subie pour lui retirer son cœur, car il était fort mélancolique et les médecins étaient d’avis que sa condition s’améliorerait s’il lui en faisait l’ablation. Étonnamment, il réussit à vivre sans ce muscle que l’on croyait nécessaire. Il rédige même de la poésie, un art qui, plusieurs diront, vient du cœur.

Xavier, pour sa part, représentant de produits pharmaceutiques, rédige un journal intime.
En voici deux citations :
« Rêver comme on fuit – le réel et puis tout le reste. Fuir parce qu’on n’est bien nulle part et qu’on veut voir ailleurs si on y est. Et parce qu’il faut croire en quelque chose. Quelque chose de beau. Même si on sait qu’il n’y a rien de vrai. »

Et en effet, particulièrement au début de l’histoire, on ne sait pas ce qui est vrai et ce qui est rêve. On avance, curieux de découvrir le fin mot de l’affaire.

« Quand je ferme les yeux, le rêve reprend là où il a arrêté. Comme si les journées n’étaient rien d’autre que des pauses. »

C’est que, plus mystérieux encore que tout le reste, Xavier et Hollywood se retrouvent on ne sait comment, dans un espace qui a toutes les allures d’un rêve… puis disparaissent comme ils y sont arrivés. Dans ces espaces hors du temps, il n’y a personne d’autre que ces deux insomniaques qui souvent s’automédicamentent à grands coups d’alcool pour tenter de trouver le sommeil ou pour endormir les incessants questionnements et le sentiment que leur vie est vide de sens.

C’est avec une impressionnante habileté à doser chaque moment que Pierre-Luc Landry réussit à créer une ambiance qui suscite des questionnements chez le lecteur, sans toutefois ne jamais le perdre dans les dédales de l’histoire. Un roman étrange et charmant qui aborde un sujet commun, la vie de deux hommes profondément las et désabusés, mais d’une manière tout à fait singulière. C’est là la grande originalité et l’intérêt du roman.

Oh! Et quelle image sublime de Carlos Henrique Reinesch sur la page couverture!

Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique




Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Petite-Ville

48 indices sur la disparition de ma sœur

La psy / Never lie, Freida McFadden