Chabin frappe fort pour la fin de la série mettant en vedette Lara Crevier
On retrouve Lara Crevier, qui évolue maintenant sous l’identité de Lyne Czemely après avoir simulé son assassinat avec le concours de Serge Minski, dans l’objectif de disparaître des registres administratifs. Pourquoi? Pour être libre, réellement libre. En fait, selon sa perception de ce qu’est la liberté. Le stratagème a fonctionné, tout le monde la croit morte. Alors qu’elle trouve un certain confort dans sa nouvelle vie, elle reçoit des appels anonymes. La voix non identifiable dit savoir qui elle est et où elle se trouve. Qui peut bien être à l’origine de ces appels? Serge? Se serait-elle gourée en lui faisant confiance? Mais quel intérêt aurait-il à la menacer ainsi? Rapidement, elle se met à questionner à savoir si elle est réellement libre ou si elle ne s’est pas prise davantage dans un piège qui la contraint plus qu’elle ne l’était avant. Elle doit se déguiser, se cacher, et en ayant un complice, elle est tributaire de son engagement à garder le secret. Peut-elle faire confiance à Yoko et Chris, ses amis, qui savent qu’elle n’est pas morte? Une chose est sûre, quelqu’un de coriace la traque et elle est déterminée à lui échapper. Sa volonté de vivre libre lui coûtera-t-elle trop cher?
Si on peut lire Apportez-moila tête de Lara Crevier et Quand j'avais cinq ans je l’ai tué de manière indépendante, il est tout de même préférable d’avoir lu le roman précédent pour saisir les tenants et aboutissants de l’intrigue d’Embrasse ton amour sa lâcher ton couteau. L’intrigue est absolument tordue, et cela demande de lire avec attention pour tout suivre, particulièrement avec les différentes identités endossées par les personnages.
Embrasse ton amour sans lâcher ton couteau est encore plus puissant que les romans précédents de l’auteur. Le ton est moins agressif, moins hargneux puisque Lara est moins dans la rage et le mépris pour la société, concentrée qu’elle est à sauver sa vie et résoudre les mystères que sont l’identité de son poursuivant et la raison pour laquelle il la traque. Il y a moins d’accent sur l’anarchisme, le sexe et la bestialité. Ils sont toujours là, en toile de fond, mais cette fois-ci on est à fond dans la psychologie et dans le suspense.
Le roman est divisé en trois parties, celle des victimes, celle des assassins et celle de la mort. Cela nous permet de plonger plus en profondeur dans l’esprit absolument fascinant de Serge /Stillman. Il est d’une intelligence magistrale et d’une maîtrise de lui-même époustouflante! Les chapitres dont Serge est le narrateur sont absolument sublimes! L’écriture de Chabin, toujours aussi cru et ironique, est presque envoûtante et on ne veut pas déposer le livre, même pour aller au petit coin.
À lire sans musique, sans autre bruit que le souffle des mots.
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