Télésérie : quand les concepts s'embrouillent

Xavier est un comportementaliste canin qui mène une petite vie tranquille et bien réglée avec sa femme Nadine qui travaille dans une banque, et son jeune fils Lucas. Un soir alors qu’il s’installe au salon pour visionner la télésérie Instincts, il est frappé par le personnage d’Évelyne Miller, procureure de la couronne. La femme d’une grande beauté le charme par son intelligence et son côté rebelle.

Ne pouvant se sortir le personnage de l’esprit, il entreprend des recherches sur internet à propos de Margot de Brabant, la comédienne qui l’interprète. Il devient « ami » Facebook avec celle-ci, la suit sur tous les réseaux sociaux, traque chaque trace qu’elle laisse sur la toile. Plus il avance, plus il devient accro… et s’éloigne de sa propre femme qu’il a l’impression de tromper. Pas avec Martine de Brabant, l’interprète, mais bien avec Évelyne, le personnage.
L’obsession va grandissant et il en devient littéralement amoureux.

Qu’est-ce qui ne va pas chez lui? Comment peut-il aimer une femme qu’il ne connaît pas, un personnage de fiction, qui plus est? Sa vie est-elle monotone pour lui qui a relégué à regret à l’armoire du sous-sol son skate qui l’a suivi pendant une vingtaine d’années?

Il a déjà eu des tendances, étant plus jeune, à faire des fixations sur les personnages féminins aux cheveux roux; Laura Ingalls, de La petite maison dans la pairie, Fifi Brind’acier et Martine, des livres du même nom. Mais qu’est-ce qui peut amener quelqu’un à s’éprendre d’un personnage qui n’existe pas? De quelqu’un qui ne pourra donc jamais lui rendre ses sentiments.

La dépendance à la télé et les gens qui s’amourachent des personnages ne sont pas un phénomène nouveau. Aux États-Unis, ça existe depuis longtemps. Au Québec, il y a toujours eu les Écho Vedette et autres du même genre. Cependant, avec l’avènement d’internet et des réseaux sociaux, le phénomène a explosé. Les comédiennes et comédiens peuvent exposer – ou voir exposé – chaque détail de leur vie 24 heures sur 24. Plusieurs individus ont du mal à faire la différence entre le personnage et l’interprète. Combien de comédiens se font interpeller dans la rue par le nom de leur personnage? Ici, ce n’est pas le cas. Xavier fait de toute évidence la différence entre les deux, mais ne peut s’empêcher de tomber pour Évelyne. C’est ça qui est intrigant!

Le roman alterne entre Xavier et le scénario de la série – assez moyenne, il faut le dire! Ouf! Montages douteux, histoire loin d’être originale, et j’en passe – ce qui rythme le récit tout en nous donnant accès à ce que le protagoniste voit de la nouvelle élue de son cœur.


Hugo Léger aborde avec humour, mais non sans sérieux la ligne entre la réalité et la fiction et la manière dont certains peuvent jouer avec cette ligne pour obtenir ce qu’ils désirent. Il est aussi question de mensonge et d’engagement amoureux.

Yannick Ollassa / La Bouquineuse boulimique

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