Petit papillon se brûle les ailes à la passion
Carl est frappé par un coup de foudre quand il voit M. A. Il développe une solide passion pour elle. Le seul hic, c’est que ce béguin n’est pas réciproque. En fait, M. A. (Myriam Aaron) est une actrice populaire pour qui il est tombé en la voyant à l’écran.
Pour nous, il est évident qu’il souffre d’obsession pathologique, mais lui se décrit comme étant « un passionné fou ». Sérieusement, quand on constitue un « temple » pour une personne (il y a regroupé des photos et des affiches de la vedette ainsi que des articles à son sujet), on n’est pas dans la simple passion. Mais tant que ça restait ainsi, ce n’était pas si mal. Les choses se corsent quand il reçoit une réponse formatée à une lettre qu’il lui a envoyée et qu’il décide de la traquer pour qu’elle puisse enfin tomber amoureuse de lui à son tour.
Soyons clairs, de « petites obsessions », on en a tous eu ou on en a tous encore. Pensez à l’adolescence, période propice à ce genre de passion et à votre chambre tapissée d’affiches, à vos albums remplis de découpures de journaux, etc. À cet âge, c’est souvent unE chanteur-Euse, auteurE, sportif-ve, ou toute autre personnalité publique. À l’âge adulte, ça peut se continuer ou migrer vers certains produits ou manières de faire les choses. Mais nous sommes rares à être consumés par ces obsessions au point de tout quitter, comme Carl, pour suivre l’objet de notre fixation. Dans son cas, il ne pouvait fonctionner dans son quotidien sans passer de longues heures à s’adonner à elle et à tout mettre en œuvre pour atteindre la belle. Et là, ses fantasmes seront confrontés à la dure réalité.
Félix Villeneuve a une belle plume. Elle est poétique, imagée. La structure du roman est intéressante. Certains éléments ne se dénouent qu’à la toute fin et on est agréablement surpris de ces aboutissements. J’aurais cependant aimé qu’il amène son personnage plus loin, le talent était là pour qu’il soit en mesure de le faire, à mon avis.
Le personnage de Carl n’est pas le plus charmant qui soit, disons. Plutôt taciturne, terne, et assurément profiteur, c’est un homme qu’on ne remarquerait pas, n’eut été de la scoliose qui influençait sa posture et sa démarche. Mais il y a quelque chose qui fait en sorte qu’on ne le déteste pas. Peut-être est-ce le côté « ordinaire » qui nous rejoint et qui fait en sorte qu’on souhaite savoir comment cette histoire se terminera.
Avant de vous quitter, j’aimerais vous servir un avertissement amical : j’ai entendu parler de Félix Villeneuve comme étant le nouveau David Goudreault. En fait, les deux nous présentent des personnages déjantés, à côté de la réalité. C’est le seul point commun. Leurs personnalités sont très différentes. Si vous vous attendez à quelque chose d’aussi trash, vous serez déçu. J’aime mieux vous le dire tout de suite.
Somme toute, c’est un très bon premier roman qui se résume à un agréable moment de lecture.
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