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En juin 1999, à la veille d’emménager dans leur nouvelle maison, le conjoint de Brigitte Giraud décède dans un accident de moto. La moto du frère de Brigitte qu’il n’aurait pas dû conduire. Vingt ans plus tard, alors qu’à regret elle a vendu la maison, l’auteure souhaite en finir avec le deuil de son mari et tourner une page. 

Ainsi, elle se lance dans ce qui est en fait l’exploration de l’effet papillon. Ce sont une vingtaine de « et si…? » dans lesquelles on trouve une douzaine de supplications à son conjoint de prendre une décision différente. D’une écriture précise, sans fioritures, elle défait les morceaux de casse-tête qui ont ensemble formé le drame de sa vie. C’est un long jeu de suppositions. 

Un deuil, c’est complexe. Parfois, ça se complique et on peut être, comme l’auteure, pris pendant de très longues années dans un espèce de vortex à spéculer sur ce qui aurait pu changer la réalité et à la refuser. Vingt ans à se demander « Etsi… ? » C’est long, c’est pénible, ça peut être destructeur. Cette obsessive quête de sens est tout simplement déchirante. On la sent tourner en rond dans ce deuil, comme une abeille prise dans un pot de verre qui en cherche la sortie. 

À travers les faits qu’elle nous raconte, on décèle sa douleur. Ce vide qui l’habite depuis 20 ans. On ressent également l’amour qu’elle a pour son mari. Il est impossible de rester de marbre devant tout cela. On est happé par l’histoire et on tourne les pages avidement. On est pris d’une empathie, mais aussi d’une espèce de curiosité. Je ne sais pas si c’est une curiosité légèrement inappropriée ou si c’est dans l’espoir qu’il y existe dans ces pages un secret, d’une clé qui nous permettrait de nous prémunir d’un tel drame. Comme un genre de protection. 

Grâce à une écriture plutôt factuelle, l’autrice évite la lourdeur, bien que son récit soit bouleversant. Et au-delà du deuil, Vivre vite est aussi un touchant hommage à son mari, Claude Giraud, qui était journaliste musical pour Le Monde.

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