Ce que je sais de toi : un premier coup de cœur en 2023!
C’est l’histoire d’une vie tracée pour soi. D’une rencontre qui chamboule tout. De secrets qui éclatent et brisent. D’un exil qu’on sent obligé.
Dès qu’il est tout-petit, le père de Tarek, un médecin, souhaite fortement qu’il pratique la même profession que lui. Ayant senti qu’il n’y avait pas de place pour ses propres désirs, il a continué dans la voie que sa famille a choisie pour lui. Tout juste marié, il travaille dans la clinique de son père, maintenant décédé. Il a également fondé un dispensaire dans un quartier plus défavorisé où les gens n’ont pas les moyens de se payer ses services. Il y fera une rencontre qui changera la trajectoire de son mariage, de sa vie. Et un jour, tout se brisera. Il se brisera.
Tarek est un personnage émouvant. Beau et bon, il a le souci d’aider les autres, de suivre le chemin tracé. Son quotidien est plutôt monotone et prévisible, mais tout de même confortable. Un événement lui fauchera les jambes et il tentera tant bien que mal de faire la bonne chose, mais c’est perdu d’avance.
Désavoué, le cœur brisé, Tarek choisit l’exil. Il trouve refuge à Montréal où sa vie paraît grise, comme la sloche. On en sait peu, mis à part qu’il travaille dans un hôpital après avoir dû valider et mettre à niveau ses compétences. Son existence semble se résumer à une routine répétitive, sans couleur ni saveur.
L’exil, que l’on croit obligé parce que le regard que nos proches posent désormais sur nous est insoutenable. Parce qu’on ne supporte plus de vivre dans le théâtre du drame qui nous a frappé. Comment bâtir sa vie dans un autre pays alors qu’on a senti qu’il nous fallait absolument quitter le nôtre pour survivre ? Que reste-t-il des liens avec notre famille qui a l’impression qu’on l’a abandonné ?
L’exil est une chose cruelle. Dans le nouveau pays, on ne se sent pas tout à fait chez soi au début, mais surtout, on est considéré comme un immigrant, toujours. Puis dans le pays d’origine, on est maintenant un étranger. Et on ne s’y sent plus totalement chez soi non plus. L’émigration crée un déchirement qui ne guérit jamais complètement. Et cette faille est parfois irrévocable.
« La maison, le taxi, l’aéroport, l’avion, l’aéroport, le taxi… La neige couvrait les rues de cette ville inconnue d’une pellicule d’un gris sale qui te serait bientôt familière. À compter de ce jour, tu devins étranger partout. » p. 149
Entre Le Caire et Montréal, Éric Chacour nous dépayse. On se laisse porter par ses mots. La finesse de son écriture aux élans poétiques nous chavire. Le récit est imprégné de chaleur, de langueur, de sensualité. On y trouve le soleil, le désir, l’impuissance, la douleur. Et de l’amour, beaucoup. C’est à la fois tendre et dur.
J’ai été charmée par la plume d’Éric Chacour. J’ai peine à croire qu’il s’agit d’un premier roman. À découvrir absolument!
Le lancement du livre aura lieu le 24 janvier 2023 à 17:30 à la librairie Un livre à soi. Pour détails :
https://www.facebook.com/events/2809720529160917/?ref=newsfeed
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