Le jeu de l'oiseau

 

Comment survit-on à la violence conjugale quand on en est témoin lorsqu’on est petit ? 

 

Claire et Normand, de jeunes jumeaux, vivent avec leurs parents dans un taudis sans perron et où les champignons poussent sur le tapis. Au bout du terrain, il y a une grosse fosse devant laquelle ils regardent la fumée de l’usine, pas loin. Pour compléter le portrait de leur enfance défavorisée, leur père bat leur mère et ne s’arrête que lorsque le voisin du haut frappe sur le plancher parce que cela fait trop de bruit. 

 

Afin de supporter leur quotidien et éviter de stimuler l’agressivité du paternel, leur mère leur apprend le jeu de l’oiseau. Leur capacité de se réfugier dans leur imagination les sauve, bien qu’il ne les protège pas de la violence. Il en atténue néanmoins momentanément la morsure.

 

Le récit de leur sombre réalité est allégé par la candeur de l’enfant qui agit comme une grande inspiration que l’on prend entre les secousses des vagues. Le pouvoir d’évocation de la prose de l’auteure fait en sorte que, bien que petit, ce roman est d’une puissance remarquable qui ne peut qu’émouvoir.

 

Outre la violence, il y a la tendresse. Celle que leur mère a envers eux, puis celle qu’ils ressentent à son égard. Sylvie Drapeau a cette faculté de donner chair à ses personnages qui permet aux lecteurs de les imaginer vivre devant nous. D’une écriture toute en finesse, elle brosse le portrait d’une famille durement éprouvée qui tente tant bien que mal de s’en sortir.

 

Le jeu de l’oiseau est un récit de violence comme il en existe malheureusement trop et au sujet de laquelle il y aurait tant à dire. Il raconte les affres de la violence, la terreur qu’elle crée et ce qu’on fait pour composer avec, mais surtout, c’est une histoire sur l’espoir. Elle nous démontre que tout n’est pas perdu. Et ça, en soi, c’est beau.


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