Fille en colère sur un banc de pierre

 

Une île italienne. Un père à tendance tyran. Une mère effacée. Quatre filles scindées en deux clans : les deux plus vieilles, les deux plus jeunes. Une disparition d’enfant. 

 

Lorsque le père décède, c’est rempli d’appréhension qu’Aïda retourne auprès de sa famille pour ses funérailles. Elle avait quitté l’île pour Palerme à l’âge de 16 ans, quelques années après la disparition de Mimi, sa petite sœur bien-aimée et n’avait pas eu de contact avec ses deux grandes sœurs ou ses parents depuis 15 ans. Voilà le canevas de base de ce nouveau roman de Véronique Ovaldé. 

 

On est dans une ambiance typiquement insulaire : chaud, lent, où la vie semble sur pause le temps de régler la succession de leur père. On a l’impression d’entendre le chant des cigales. Par contre, accrochez-vous! Un peu partout sont parsemées des phrases alambiquées (il arrive de trouver une phrase sur trois pages) pour démontrer l’état d’esprit du personnage et accentuer le rythme du récit. Je le mentionne pour celles et ceux que ça dérange. 

 

La narratrice prend le lecteur en aparté pour créer une certaine proximité et permettre à un humour parfois subtil, souvent sarcastique de se déployer. L’énigme des secrets familiaux est distillée lentement au fur et à mesure des allers-retours entre le passé et le présent. Tout le long, le sentiment de malaise ne nous lâche pas tant la relation entre les sœurs est inconfortable. Plus on tourne les pages, plus on comprend pourquoi. La somme et la gravité de ce qu’elles cachent sont considérables. Je ne veux pas spoiler, mais ici, il y en a tout le long, jusqu'à la toute fin. 

 

Les personnages ne sont pas particulièrement sympathiques. Aïda elle-même n’est pas hyper attachante, pas détestable, mais elle a, avec raison, érigé de grands murs afin de ne pas être blessée. Ça la rend un peu froide. Cela dit, on ne peut s’empêcher de prendre son parti parce que ses sœurs sont plutôt désagréables, surtout Gilda qui est antipathique au possible ! Mais vraiment !

 

Ici, l’autrice se sert du terreau fertile qu’est la famille pour explorer la complexité des rapports humains. C’est en son sein que l’on fait nos premières expériences de relations et celles-ci donneront dans une certaine mesure le ton pour les suivantes, bien qu’on ne soit pas exactement la même personne qu’avec nos collègues ou nos amis. L’autrice démontre habilement la manière dont le vécu familial peut façonner la vie d’un individu.

 

C’est seulement le troisième roman de Véronique Ovaldé que je lis, je ne peux donc situer celui-ci en rapport avec toute son œuvre, mais ce dernier opus n’est pas mon favori. Il faut dire que je venais d’être prise d’un coup de cœur pour un autre bouquin, il est alors possible que celui-ci ait souffert de la comparaison inconsciente. Cependant, ce fut une lecture plaisante avec une fin... !!


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