Et j'ai cessé de t'appeler papa

Ce petit bouquin à fait le voyage de la France au Québec l’été dernier dans les valises de ma belle-sœur. Il était temps que je le lise! 

Le 2 novembre 2020 en pleine pandémie de COVID, lorsque le mari de Caroline Darian entend le message de sa belle-mère lui demandant de la rappeler en urgence au sujet de son beau-père, il pense tout de suite que ce dernier a dû être hospitalisé. C’est avec étonnement que le couple apprend que le père de Caroline a été arrêté pour avoir filmé sous les jupes de trois femmes. Mais ce n’était que la pointe de l’iceberg, car en fait, il a drogué et livré son épouse à d’autres hommes qui l’ont violée.

 

Ce que Caroline Darian nous raconte ébranle les certitudes à plusieurs niveaux. On apprend que la soumission chimique serait plus fréquente qu’on ne le croit et qu’elle n’est pas que l’apanage des inconnus dans les bars. Elle illustre de manière frappante le tiraillement et le sentiment de trahison ressentis, notamment par l’imbrication dans le texte de souvenirs agréables. La difficulté de concilier le père qu’elle avec lequel elle a grandi et l’homme qui a commis ces agressions. Élément après élément, elle démontre l’aspect systémique de la violence intrafamiliale. Comment l’abuseur manipule pour créer une division et isoler le membre de la famille qui lui résiste. 

 

Elle souligne également la nécessité d’un mécanisme de référence à des ressources psychosociales afin de soutenir les victimes avec le choc et les émotions qui entourent une dénonciation et le processus juridique. 

 

C’est un témoignage très bien construit et bien écrit, sans pathos. Il se lit en moins d’une poignée d’heures, bien que plusieurs passages soient révoltants.

 

Lis-tu parfois des faits vécus ? Celui-ci te tente-t-il ? 

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