Les égarés / The Unsettled

English review below 


1985, Philadelphie. Ava a quitté l’Alabama dans l’espoir d’avoir une meilleure vie. Quand son mari la met à la porte, elle et son fils se réfugient dans une maison d’hébergement. Entre les cris, les bestioles, les surveillants qui profitent de leur statut, les exigences du refuge et la dépression d’Ava, le duo n’arrive pas à s’adapter à la vie là-bas. Alors qu’ils planifiaient trouver une autre solution, Ava croise par hasard Cass, le père de Toussaint, avec lequel elle a eu une relation compliquée. Grâce à cette rencontre fortuite, Toussaint et Ava quittent le refuge pour s’installer avec Cass dans la maison où il habite. L’homme, un charismatique ancien médecin et ancien membre des Black Panthers, fonde une secte où il offre des conférences et des soins de santé gratuits pour les gens du quartier. On se doute bien qu’il aura maille à partir avec les autorités.
 
À la même époque, on suit Dutchess, la mère d’Ava, avec qui elle a coupé le contact. Elle vit à Bonaparte en Alabama. Bonaparte, c’est le premier endroit où les Afro-Américains ont pu être propriétaires terriens. Le tout était officieux, puis un jour, les dirigeants du comté les ont convaincus de rendre leur statut officiel. En fait, c’était manigance de l’état, car à partir de ce moment, ils devaient payer des taxes sur leurs énormes parcelles qu’ils cultivent. Quand ils ne pouvaient pas le faire, leurs biens ont été saisis ou bien ils ont dû vendre leur terrain. Bien sûr, les nouveaux propriétaires sont des Blancs, puisque ce sont eux qui ont suffisamment d’argent. Les terrains achetés sont annexés à une autre municipalité. Ainsi, peu à peu, Bonaparte a considérablement diminué de volume. Ils ne sont plus que trois résistants qui n’ont pas quitté la ville et Dutchess se bat pour garder intact le peu qu’il reste. 
 
Puis, il y a Toussaint, qui vient tout juste de rencontrer son père pour la première fois. Le jeune garçon qui cherchait à connaître ses racines obtient certaines réponses qu’il n’est pas sûr d’apprécier. Il n’est pas très à l’aise dans la secte, pris entre sa mère subjuguée par son père, et ce dernier qui le force à devenir adulte trop tôt. Il aspire à une vie paisible et typique d’un jeune de 12 ans. Il souhaiterait également rencontrer sa grand-mère. C’est un personnage qu’on aime suivre et pour qui il est pratiquement impossible de ressentir de l’empathie. 
 
Dans Les égarés, Ayana Mathis traite de racisme, de ségrégation, des rêves pour le futur, de survie, de la froideur du monde, de loyauté, du sentiment de communauté, des laissés pour compte et de la recherche de stabilité, d’ancrage, de racines. Il y est beaucoup question de propriété de terrains ou de maison. Il faut se souvenir de l’histoire américaine où les noirs ne pouvaient être propriétaires. À travers la confrontation des opposés : Ava et Dutchess ; la ville du nord des États-Unis et la campagne du sud, Mathis nous démontre la signification de la notion de propriété, de chez soi, peu importe où l’on vive. Cette notion permet une stabilité tant physique que psychologique. Le titre en anglais, TheUnsettled, a été traduit par « Les égarés », mais à mon avis « les instables », « les perturbés » ou encore « les incertains » seraient plus justes. Peut-être pas aussi punché, mais plus approprié. C’est toujours très délicat la traduction d’un titre. 
 
Ce qui frappe et dérange : l’indignité vécue dans les centres d’hébergement pour gens en situation de crise, ici, les femmes avec leurs enfants. Ça choque, ça met en colère, ça fait peur !
 
Le rythme lent permet de développer davantage les personnages et leurs enjeux. 
Cependant, j’aurais aimé en savoir plus sur ce qui est réellement arrivé pour qu’Ava cesse de parler à sa mère. 

Peut-on se libérer du déterminisme et trouver sa place propre à soi, celle qui nous convient ? C’est ce que Ayana Mathis nous propose de découvrir. 

English review

1985, Philadelphia. Ava left Alabama in hopes of a better life. When her husband kicks her out, she and her son take refuge in a shelter. Between the screams, the critters, the supervisors who take advantage of their status, the demands of the shelter and Ava's depression, the duo cannot adapt to life there. While they were planning to find another solution, Ava accidentally bumps into Cass, Toussaint's father, with whom she had a complicated relationship. Thanks to this chance meeting, Toussaint and Ava leave the shelter to move in with Cass in the house where he lives. The man, a charismatic former doctor and former member of the Black Panthers, founds a sect, where he offers lectures and free health care to the people of the neighborhood. As we expect, he will have trouble with the authorities.

 

At the same time, we follow Dutchess, Ava's mother, with whom she has cut off contact. She lives in Bonaparte, Alabama. Bonaparte is the first place where African-Americans were able to be landowners. It was all unofficial, and then one day, county leaders convinced them to make their status official. But it was a state scheme, because from that moment on, they had to pay taxes on their enormous plots of land that they cultivated. When they could pay, their property was seized or they had to sell their land. Of course, the new owners are white, since they are the ones with enough money. The purchased lands are annexed to another city. Thus, little by little, Bonaparte considerably diminished in size. There are only three resistance fighters left who have not left the city and Dutchess is fighting to keep what little remains intact.
 
Then there is Toussaint, who has just met his father for the first time. The young boy who sought to know his roots obtains certain answers, but he may not like them. He is not very comfortable in the sect, caught between his mother who is subjugated by his father, and the latter who forces him to become an adult too early. He aspires to a peaceful life typical of a young teenager. He would also like to meet his grandmother. Toussaint is a character that we like to follow and for whom it is practically impossible not to feel empathy for. 
 
The Unsettled deals with racism, segregation, dreams for the future, survival, the coldness of the world, loyalty, the feeling of community, those left behind and the search for stability, anchoring , roots. There is a lot of talk about land or house ownership. We must remember American history where black people could not own property. Through the confrontation of opposites: Ava and Dutchess; the city of the northern United States and the countryside of the south, Mathis shows us the meaning of the notion of property, of home, no matter where we live. This notion allows for both physical and psychological stability. 
 
What is unsettling and disturbing: the indignity experienced in shelters. It’s shocking and upsetting!
 
The pace, which is sometimes too slow, allows the characters and their issues to be further developed. However, I would have liked to know more about what really happened to make Ava stop talking to her mother, as well as other elements left hanging.
 
Can we free ourselves from determinism and find our own place, the one that suits us? This is what Ayana Mathis invites us to discover. 
 
 
 

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