Corps étranger

« Comment s'ancrer dans une société lorsque nos attaches sont rompues ?

Un homme porte en lui l'opacité de ses origines et l'impossibilité de laisser une descendance. Physiothérapeute rigoureux, il soigne ses patients à domicile, sans parvenir à se réparer lui-même. Mais il avance et sillonne un Montréal en chantier, accompagné de son chien Henri et de l'urne de son amoureux.

Sa fascination pour les fragilités du corps et son désir d'appartenance l'empêcheront-ils de perdre pied ?
Un roman empreint de sensibilité, à la croisée de la fiction, du documentaire et de l'intime.»

Dans Corps étranger de Denis Fortier, on suit le parcours d’un physiothérapeute qui offre des soins à domicile. Adopté, le narrateur, dont on ne saura jamais le nom, est rongé par l’insécurité et la culpabilité, un mal-être palpable qui se transmet au lecteur. L’écriture se distingue par sa simplicité et sa sensibilité. L’auteur excelle à communiquer les sentiments de son personnage et son malaise  imprègne chaque page et l’insuffle au lecteur. Il cache ses propres difficultés à sa mère, de peur de l’inquiéter. Ironiquement, il s’interroge sur le manque de confiance en soi de sa mère, sans prendre conscience qu’il en est lui-même un exemple frappant. L’évitement le pousse à vivre dans sa voiture avec son chien qu’il traîne partout, fuyant son appartement en chantier, laissé en suspens depuis le décès de son conjoint. Le narrateur est en plein deuil et on suspecte qu’il souffre de dépression et de burn-out.

 

Le roman aborde également la réalité des soins et du soutien à domicile du système de santé. Fortier souligne l’aspect crucial de ceux-ci pour la récupération et la qualité de vie des personnes malades ou blessées, ainsi que le risque d’aggravation ou d’apparition de nouvelles pathologies qui les obligeraient à solliciter à nouveau les services de santé. Le manque de temps, de personnel et de spécialisation des professionnels empêche un suivi optimal et une prise en charge complète des patients. Dès qu’un plateau est atteint, les traitements sont interrompus, malgré le potentiel de progression.

 

L’écriture de Fortier est remarquable par sa capacité à capturer les nuances de la vie quotidienne et à explorer les émotions humaines avec une grande sensibilité. Il évite les détails médicaux superflus, se concentrant sur le travail du physiothérapeute, les défis auxquels font face les patients ainsi que son propre cheminement quant à sa profession et à sa vie personnelle. Le roman offre un portrait poignant de la réalité du terrain, traitant avec justesse comment les professionnels de la santé jonglent entre leur travail, leur vie personnelle et leur désir d’aider. Corps étranger est un roman qui résonne profondément, présentant une réflexion touchante sur la vie, la perte et la résilience.

 

Merci aux Éditions Stanké du Groupe Livre pour le service de presse !

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Là où on enterre les bêtes

Voyage à la Villa du Jardin secret

Baignades