Reprise
Le va-et-vient temporel instaure une dynamique presque hypnotique, présentant les mécanismes de séduction et de manipulation tels qu’ils sont éprouvés. L’évolution de l’écriture accompagne cette plongée intime : d’abord fragmentée, courte et nerveuse, elle s’étire peu à peu à mesure que la narratrice se dévoile. Les échos, répétitions, citations littéraires et références juridiques appuient les propos de l’auteure.
La fin, suspendue plutôt que brutale, donne l’impression d’un récit arrêté au bord d’un précipice, comme si la guérison restait volontairement inachevée. C’est là sans doute son plus grand réalisme : certaines histoires n’ont pas de conclusion nette.
Et c’est peut-être ce qui touche le plus. Car la narratrice n’est pas seule à porter ce trou sans fond, impossible à combler. Selon les personnes, il se manifeste différemment, mais il est là. Le roman donne une voix à celles et ceux qui se cachent derrière la honte. On est là. On existe. On continue d’avancer, d’essayer de guérir. Parfois on dérape, d’autres fois, on « fonctionne » davantage, on va un peu mieux. Mais ce vide-là, lui, ne disparaît jamais.
Un texte bouleversant, porté par la force de l’intériorité, qui se lit comme un souffle suspendu, entre battements de cœur et silences lourds — un cri discret, profondément humain, et inoubliable.

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